La France affirme haut et fort son indépendance: les bases militaires américaines en France sont fermées et De Gaulle va à Moscou et à Pékin. La vie s’améliore considérablement, les HLM offrent un toit décent, avec WC et salle de bains, la télévision pénètre les foyers et l’automobile fait rêver. Tout va bien disent les journaux…Pourtant, un fort mécontentement grandit qui aboutira aux évènements de Mai 68: jeunes étudiants et monde ouvrier se mettent en grève. Ils obtiennent une réforme de l’enseignement, d’importantes augmentations de salaires et des libertés syndicales. Les cheveux des garçons s’allongent quand les jupes des filles raccourcissent, ce qui déplait souvent aux adultes…

Sur le tempo d’une marche, rythmant le pas des soldats allemands envahissant le pays, la chanson déroule crescendo une intense dramaturgie. A chaque couplet le danger se précise un peu plus, le roulement du tambour se fait plus sec, cuivres et piano jouent avec une détermination croissante. La progression chromatique (par demi-tons) participe de la tension dont est parcourue la chanson. Louis Bessières, le compositeur, est familier des musiques de film et sait parfaitement construire une ambiance musicale en harmonie avec le propos.

Quoique rien ne vienne formellement le vérifier, le texte d’André Vidalie évoque à l’évidence la sombre période où débute l’occupation de la France, juste après la « drôle de guerre » qui a vu les armées françaises incapables de faire front devant les nazis. « A se demander si… » oseront certains contemporains convaincus que la collaboration était déjà engagée dans certains cercles dirigeants du pays. Donc les loups, métaphore de l’armée allemande. Le texte a les aspects d’une fable sur la condition humaine : les hommes ayant perdu tout sens de l’humanité ne voient pas s’abattre sur eux le danger – les loups; ils finissent non sans mal à le repousser et retrouvent ainsi le goût de l’amour et de la fraternité.