Bouleversements en vrac : la Yougoslavie explose, l’URSS s’effondre, la première guerre du Golfe permet de tester des armes nouvelles. Mais enfin, Nelson Mandela est libre après 25 ans de prison, devient le premier président de l’Afrique du Sud sans Apartheid et prône la réconciliation. Quel exemple ! Les accords d’Oslo ouvrent un espoir pour la paix entre Israël et la Palestine. Côté musique le rap s’impose comme un art à part entière. Public Enemy, NWA ou Wu Tang Clan, les styles se diversifient, le public grossit et le business aussi. Les mouvements métal et grunge se cristallisent autour de groupes devenus cultes comme Nirvana. Le look devient la tendance et la société vire à l’égoïsme. Et Zebrock fait ses premiers pas !

A une époque où règne la dance music à l’anglaise, née de l’alliance du disco, de la new wave et des couleurs de la world music, Rachid Taha enfourche un rythme dansant en diable pour nous parler du diable. Electro rock avant l’heure, le morceau est produit par le guitariste anglais Steve Hillage, grand manipulateur de sons et ami au long cours de l’ex-chanteur de Carte de Séjour. Ce morceau audacieux jette un pont bien stimulant au-dessus de la méditerranée. Après une version en espagnol (Ahora, Ahora !) sortie en 2004 , Rachid en propose encore une nouvelle version publiée dans Zoom paru en 2013, aux sonorités encore plus électro, produite par Brian Eno, autre grand cuisinier sonore anglais. Voilà comment maintenir actuelle une chanson qui date d’il y a vingt ans…et reste d’actualité.

Huit ans après l’alarme lancée en 1985 par Louis Chedid avec sa chanson “Anne, ma sœur Anne”, c’est un Rachid Taha également inquiet qui reprend le flambeau : ce qui recommence, c’est la montée de l’extrême droite en Europe et plus particulièrement en France. Voilà que la haine et le rejet de l’autre reprennent de la vigueur, voilà qu’une fois encore l’étranger est pointé du doigt en dépit des leçons de l’histoire dit en substance cette chanson combattive et convaincante. Hymne national à la vigilance, « Voilà, Voilà » offre un équilibre rare entre danse et réflexion.