Le chanteur charismatique Bernie Bonvoisin et le guitariste soliste Norbert Krief dit « Nono » sont les membres fondateurs de Trust. Les trois autres musiciens bassiste, batteur et guitariste rythmique, ont régulièrement changé au fil des albums. Figure emblématique d’un hard-rock à la française qui n’avait rien à envier aux maîtres australiens ou américains du genre, Trust a fédéré un public fervent. Des centaines de milliers de jeunes des quartiers populaires se retrouvaient dans la tonalité libertaire des chansons, l’épaisseur inédite du son et l’incandescence des concerts ainsi que dans… la “grande gueule” de son leader.

Le groupe Trust a écrit cette chanson engagée dans une France essoufflée sous le septennat du président Valéry Giscard d’Estaing. La jeunesse de l’époque voit en ce titre un emblème qui, malgré la censure en radio, connaît un succès national. Ce morceau de hard-rock se veut une critique radicale du système. Tout y passe, y compris le service militaire alors obligatoire, ce « temps perdu qu’on ne rattrape plus ». Les termes employés bousculent l’individualisme de la société et les valeurs qu’elle inculque, le travail en tête. Trust ironise sur la longévité d’une vie active qui a pour seul but de pouvoir payer sa pierre tombale. Ces propos ne trouvent-ils pas encore leur écho aujourd’hui? Les riffs de guitare sont aiguisés à souhait et le solo de Nono n’a rien à envier à celui de « Beat it », d’un certain Michael Jackson.