Destination... Seine-Saint-Denis

Parcours
Publié le 6 juillet 2021

II.
S'émouvoir à Pantin

« Pantin », Barbara, 1981

Deuxième étape de cette balade en Seine-Saint-Denis. On y retrouve une ville chaleureuse et une grande dame de la chanson française qui s’y sent comme chez elle. Découverte d’un hommage chanté à Pantin et à ses habitants…

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Portrait de Barbara à l'encre de Chine par Maryse Garel.

Qui est Barbara ?

Barbara est née dans le 17ème arrondissement de Paris en 1930 de deux parents juifs. Elle ne porte pas encore son nom de scène et sur acte de naissance figure le nom de Monique Andrée Serf. Son enfance est marquée par de nombreux déménagements et la peur des persécutions.
Mais la guerre et l’antisémitisme ne sont pas les seuls à lui avoir voler son enfance. La petite Monique subit les comportements incestueux de son père, jusqu’à ce qu’il quitte la maison pour toujours. Elle a 19 ans. Elle ne le dénoncera jamais auprès de sa famille. Sa célèbre chanson “ L’Aigle noir “ pourrait être une évocation de ce trauma, mais rien n’est sûr.

Dès son plus jeune âge, Barbara joue du piano et commence les cours de chant à l’adolescence. Peu intéressée par les études académiques, elle rêve d’être pianiste chantante. A 17 ans, elle entre au Conservatoire de Paris.
En 1950, elle quitte Paris et s’installe à Bruxelles. C’est là qu’elle commence à se produire dans des petits cabarets sous le nom de “ Barbara Brodi “, en honneur à ses aïeules slaves. Le début de sa carrière est dure, elle gagne très peu et le public siffle lourdement ses reprises du répertoire d’Edith Piaf, de Juliette Gréco, de Marianne Oswald et de Germaine Montero. A cette même époque, elle se lie d’amitié avec Jacques Brel. Alors jeune compositeur en herbe, ce dernier la pousse à écrire ses premiers textes. Elle revient à Paris où elle continue de se produire. Le cabaret de l’Écluse devient une de ses adresses favorites et elle réussit à fidéliser son premier public qui la surnomme “ la Chanteuse de minuit “.

Il lui faut dix ans pour oser interpréter ses propres créations et imposer alors cette évidence : elle est avec Piaf la plus grande chanteuse française jamais imaginée. Jusqu’à sa disparition en 1997, elle symbolise le plus haut degré d’exigence artistique. A la fin de sa carrière, ses cordes vocales fortement abîmées la laissent presque aphone lors d’un concert. Mais son fidèle et passionné public entonne ses chansons, accompagné des musiciens et de la chanteuse au piano. Cela n’empêchera pas “ la Dame en Noir “ d’être à jamais connue par les amoureux de la chanson comme une des voix plus vibrantes du répertoire francophone.

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Barbara devant sa roulotte à Pantin via la Philharmonie de Paris

Barbara à Pantin

1981 représente un tournant dans la carrière de Barbara. C’est l’année de son concert à l’hippodrome de Pantin où la chanteuse tombe sous le charme d’un immense chapiteau planté sur un terrain vague et décide de l’investir pour une série de concerts. Le but : rendre à son public 20 ans d’amour. Le chapiteau lugubre et modeste est transformé en un espace de show à l’américaine. Barbara s’installe dans une roulotte et orchestre l’événement avec exigence, jusqu’au soir du concert. Dans une interview, elle dit : « Pantin c’était ça ou rien du tout. » Les concerts sont un véritable triomphe et sont joués à guichets fermés. Comme pour ses chansons « Göttingen » ou « Ma plus belle histoire d’amour c’est vous », Barbara compose « Pantin » en seulement quelques heures et la chante le soir même, en cadeau pour son public, venu si nombreux.

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Pochette du disque Récital « Pantin 81 ».

L'album

La chanson est gravée le soir d’un concert à l’hippodrome sur un double 33 tours par Roger Roche. Ce disque sort en janvier 1982 chez Philips et s’intitule Récital « Pantin 81 ». On reconnaît l’escalier du chapiteau de Pantin !

Captation de la chanson « Pantin » chantée en live à Pantin.

Qu'est-ce que "Pantin" ?

La voix de Barbara, maîtresse de la chanson, est accompagnée d’un piano et d’un accordéon. Les instruments soutiennent le chant d’abord en jouant les accords, puis en prolongeant la chanson après le dernier couplet. Les mots priment sur la musique et les ornements : ce qui compte, c’est le message d’amour pour Pantin. La diction et la voix si particulières de Barbara occupent toujours une place majeure dans l’ambiance de ses chansons. Dans les captations du concert de l’hippodrome, on entend le public s’émouvoir quand Barbara chante « Pantin, on recommencera ».
« Pantin » résonne comme l’anaphore d’un poème. Dans son texte, Barbara s’adresse à la fois à la ville et à ses habitants. Tantôt directement « vous avez bousculé le ciel », tantôt indirectement « Pantin la bleue, Pantin la belle ». Barbara inscrit elle-même son passage dans l’histoire de la ville : « Nous avons planté des soleils », en mentionnant les concerts à l’hippodrome de Pantin. Barbara joue sur les associations des contraires avec des antithèses : hiver / été, nature / ville, rires / pleurs, soleil / étoiles. Mais l’image principale que Barbara utilise pour illustrer Pantin est celle de la lumière.

Pantin espoir, Pantin bonheur, Oh, qu'est-ce que vous m'avez fait là ?Barbara chamboulée devant le public de Pantin

Paroles de "Pantin"

Pantin

Pantin la bleue, Pantin la belle, Aux grisailles de Whitechapel. Pantin novembre, presque l'hiver, Les arbres se déshabillaient. Et, de prairie en champ de blé, Vous avez bousculé le

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