Commençons notre voyage en Seine-Saint-Denis en posant nos valises à Aubervilliers en 1950, juste après la Seconde Guerre mondiale. Ici, Claire Leclerc raconte le quotidien difficile des enfants qui vivaient dans cette vieille ville ouvrière. Allons à leur rencontre…

Ici, nous retrouvons la chanteuse Claire Leclerc, première interprète féminine de Léo Ferré, et artiste active de la rive gauche. Elle doubla même la voix de Marilyn Monroe dans le film Les hommes préfèrent les blondes, ce classique du cinéma américain réalisé par Howard Hawks en 1953 !

Poète, scénariste et parolier français, populaire par son langage familier et ses jeux de mots.

Compositeur français d’origine hongroise. Prévert et Kosma forment un duo artistique fécond, qui nous donnera la chanson « Les feuilles mortes », qui a inspirée de nombreux musiciens à travers le monde et s’est déclinée dans tous les styles !

La France doit se reconstruire, elle sort tout juste de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945). De nombreuses industries sont implantées à Aubervilliers, dont certaines très polluantes (comme la verrerie Saint-Gobain, implantée près du canal, qui fabrique de l’acide sulfurique et autres substances chimiques nuisibles à la population). La ville rassemble une population d’horizons très différents, main d’œuvre dans les différentes entreprises implantées sur la commune. De nombreux ouvriers sacrifieront leur santé aux vapeurs d’acides et les populations subiront les fumées toxiques se dégageant des cheminées. La pollution et ses nuisances, des notions pas vraiment prises en compte à cette époque ! Pour loger cette population de façon massive et pour contrer l’habitat insalubre, des HLM seront construits.

Cette chanson est tirée du court métrage Aubervilliers (1945) du réalisateur Eli Lotar, dont le commentaire et les chansons sont écrits par le poète, scénariste et parolier français Jacques Prévert. Ce court métrage, commande de la mairie communiste de l’époque, dénonce les conditions de vie dans des logements insalubres d’une partie de la population albertvillarienne dans l’après-guerre, après 20 ans de gouvernance de l’ancien maire pétainiste, Pierre Laval. Les images d’enfants confrontés à la misère forment le leitmotiv de ce film. Dans cette chanson, Prévert rend hommage aux enfants et à leurs familles, victimes de la pauvreté, de la misère et de la pollution. Avec poésie, à l’aide d’anaphores, il parle avec tendresse de ces enfants, de leurs terrains de jeux insalubres, privés de tout autre horizon dont les parents se démènent pour survivre.
Les paroles sont portées par une douce mélodie accompagnée par le timbre chaleureux des bois et un piano berceur, accentuant la tendresse exprimée dans le texte. L’accompagnement se montre plus rythmique et saccadé pour évoquer les dures conditions de prolétaires de leurs parents, contraints au dur labeur pour faire survivre leur famille.