En arabe littéraire, signifie “compagnon”. Il faut désormais compter avec ce jeune homme né du côté de Cergy-Pontoise, d’un père marocain exilé politique et d’une maman russe. Influencé par des artistes généralement peu connus des gamins, Tom Waits ou Colette Magny, il s’est bâti son propre univers musical. Ses chansons regorgent de groove (funk, rythm and blues) et de swing (jazz). Sa finesse de plume retient l’attention: souvent inspirée par l’écriture rap, elle sait aussi s’en éloigner, tout en échappant aux tics et clichés de la « nouvelle chanson française ». Chez Anis, la vie palpite, la ville bouge et les tempos puisent. Que demander de mieux?

Un piano bastringue, une clarinette qui rappellent le jazz créole des années trente. Mais pas d’erreur, la chanson est bien d’aujourd’hui. Ce p’tit coin de paradis, cette sweet banlieue pourrie, comme il dit, c’est ici. Ou ailleurs… Vous avez le choix du Terminus: Cergy. Massy. Bobigny, Juvisy, Clichy, Ivry… Toutes celles où nous avons grandi. De l’autre côté du périph’. Ce que jadis on appelait « la zone ». Qui sont nos territoires, aimés souvent, maudits parfois. Nos théâtres. Avec leurs décors, leurs scènes d’amour et d’horreur, auxquels on reste attaché, autant qu’on voudrait parfois, savoir les fuir.