Villes en vie

Parcours
Mis à jour le 16 avril 2019

Villes en vie

Zebrock vous propose d’évoquer les villes en chansons à travers dix thèmes. Chacun d’eux est illustré par deux chansons. Vous pourrez les découvrir, les comparer. Aller à travers elle à la recherche de la sensibilité de l’artiste. Comprendre ce que le regard de chacun de ces chanteurs peut avoir de personnel, d’original, de surprenant ou d’attendrissant. La ville a toujours été une source d’inspiration pour les auteurs de chansons. On l’aime ou on la déteste. On s’y sent seul, en danger, ou au contraire comme dans un nid. On la découvre. Veut-on s’y installer, parfois elle vous accueille, et vous traite comme un de ses enfants. Parfois au contraire elle vous ferme les bras et vous chasse. Mille chansons furent écrites. Mille autres sont à inventer. Pourquoi pas la vôtre ? Comme le suggérait François Béranger, “ que chacun prenne sa guitare, et fasse sa propre chanson ! “ En attendant, découvrez donc celles-là…

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Ville en vie

I.
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PARIS D’HIER ET D’AUJOURD’HUI
Francis Lemarque - À Paris (1948)
Bertrand Louis - Ménilmontant (2006)

VILLES D’ACCUEIL
Enrico Macias - Paris tu m’as pris dans tes bras (1964)
Wasis Diop - Samba le Berger (1998)

D’OÙ SOMMES-NOUS?
Goldman-Jones-Frederick - Né en 17 à Leindenstadt (1990)
Les Ogres de Barbak - 3-0 (2004)

SOLITUDES ET SENTIMENTS
Véronique Sanson - Vancouver (1976)
Serge Reggiani / Apollinaire - Le pont Mirabeau (1972)

AU CŒURS DES MÉGALOPOLES
Claude Nougaro - Nougayork (1987)
Katerine - Borderline (2005)

THÉÂTRE D’HISTOIRE
Jean Ferrat - La Commune (1971)
Mireille Mathieu - Paris en colère (1966)

PARIS CHIC ET POPULAIRE
Alain Souchon - Rive gauche (2001)
Doc Gynéco - Dans ma rue (1996)

BANLIEUE JE T’AIME
Grand Corps Malade - Saint-Denis (2005)
Anis - Cergy (2006)

FUIR LES VILLES?
Dick Annegarn - Adieu verdure (1999)
Kent - Allons z’à la campagne (1993)

RÊVER D’AILLEURS
Bernard Lavilliers - Kingston (1979)
Téléphone - New York avec toi (1984)

Mon oreille me parle

Une chanson c’est des mots et des notes, des textes et des musiques, des paroles et des sons. Nous accordons toujours une grande importance aux mots: «j’aime bien ce qu’il dit », «elle me fait rêver», «j’apprécie sa poésie», «je suis d’accord avec ses idées «ou «ça raconte n’importe quoi».
Cependant, c’est toujours par la musique qu’une chanson nous pénètre. Ça passe d’abord par l’oreille. Nos oreilles sont de fameux indicateurs auxquels nous pouvons faire confiance. La couleur, l’ambiance nous sont indiquées par celles-ci et les milliers de souvenirs sonores qu’elles ont emmagasinés depuis notre naissance. Entre les deux oreilles, le cerveau stocke, répertorie et analyse ces sensations et nous propose des pistes quand nous écoutons de la musique. Une guitare saturée, le scratch du DJ ou le placement d’un son de clochettes, comme la façon de chanter ou de glisser des violons nous suggèrent tout de suite une impression.
Et c’est souvent la bonne! Une déclaration d’amour s’accompagnera d’une nappe de violons ou de la plainte d’un saxophone, tandis qu’un texte dénonçant des injustices s’associera plus volontiers à un tapis rythmique lourd, parfois métallique. Mais attention: rien d’automatique et les meilleurs s’ingénient à colorer Leur musique de choses inattendues. Et ceux qui nous attirent le plus sont ceux qui n’hésitent pas à inventer des choses neuves.
Les chansons de Zebrock n’échappent pas à la règle. Voici ce que nous inspire par exemple «Samba le berger», la chanson de Wasis Diop lorsque nous nous plongeons dans son univers musical. Le thème de la chanson est grave. La musique l’est-elle aussi? Entendez-vous les mêmes choses? Pas sûr. Quelles sont les premières choses qui vous marquent à son écoute? Quelles sont les images qui vous viennent à l’esprit?

À VOUS DE JOUER … ET D’ÉCOUTER !

Villes en vie

Villes en vie… Envies de villes… Envies de vivre…
Derrière les allitérations (1) se terrent souvent des significations cachées qui ne demandent qu’à surgir. Ainsi la ville et la vie, indissolublement liées. Selon Aristote :

“Les hommes se rassemblent dans les villes pour vivre. Ils y restent ensemble pour jouir de la vie.”

En deux phrases, tout est dit. De cette nécessité fondatrice, d’abord. Jaillie du fond des âges et des cavernes : on est plus fort ensemble. « Nul ne peut se vanter de se passer des hommes »(2). Nous avons besoin les uns des autres, et de nous regrouper. Puis de nous supporter, nous entraider, nous organiser, pour survivre, et vivre, et si possible fabriquer à plusieurs du confort, du bonheur et de l’espoir.
Sans cette fondamentale nécessité découlant de l’instinct de survie, nous serions demeurés éparpillés, disséminés. Incapables de croître, donc ; et par-là même voués à disparaître. Mais nous étions conçus pour durer. Pour bâtir et prospérer. En hordes, en groupes, en ethnies, en nations. C’est pour cela qu’existe la culture: elle constitue le patrimoine de codes communs qui nous aident à mieux nous entendre et parfois, peut-on espérer, à mieux nous comprendre. Elle constitue l’ensemble des connaissances qui au fil du temps et des générations, invite les hommes à grandir, devenir meilleurs. C’est aussi pour cela qu’ont poussé les villages, puis les bourgades, puis les villes; et jusqu’aux mégapoles qu’on juge parfois, paradoxalement, inhumaines.
Rien de plus universel que la ville. Sinon notre besoin d’air, et d’eau. E t cela va généralement de pair, offrant à l’écrivain Henri Monnier l’occasion d’un élégant trait d’humour, avec ce beau retournement:

« C’est une remarque bien digne d’attention que les grands fleuves passent généralement au pied des grandes villes. »

Comme la vie, elle devient alors “cette scène de théâtre où tous les hommes et femmes jouent leur rôle »(3).
Nulle part il est écrit que cela se fait sans mal, ou sans heurt. Car si nous sommes voués à vivre les uns avec les autres, il arrive aussi que cela tourne à l’inconfort ou au vinaigre. De tout temps les tribunaux se sont vus encombrés de plaintes de voisinages: trop de bruit, d’incivilité. Trop d’égoïsme.
Car jouir de la vie suppose effectivement, comme l’affirmait encore Aristote, de profiter de cet «ensemble» dont on ne se saurait jamais se défaire totalement. Vivre ensemble c’est savoir se tolérer, avec nos défauts et qualités. Reconnaître qu’il nous faut cette existence de l’autre, et sa présence à nos côtés, « parce qu’on a besoin de l’autre pour construire ».
Nous voici alors avec l’Autre, avec un grand «A». Comme dans «amour», « amitié », « adolescence », « adulte ». Et la ville devient le décor parfait du bonheur. ..

« Nous irons à Vérone un beau jour toi et moi
Voir la terre promise aux amours éternelles
Où mourir est plus doux que de vivre infidèle
Où le don de sa vie est un acte de joie.” (4)

… ou de la tristesse :

“Que c’est triste Venise
Au temps des amours mortes
Que c’est triste Venise
Quand on ne s’aime plus…” (5)

La ville est bien le théâtre de tous les rapports humains. Bagarres, rivalités, guerres. Luttes pour un territoire. Fiertés incontrôlables d’être plus fort et plus beau, parce que l’on est d’ici, et pas de là. De Paris plutôt que Marseille. De Marseille plutôt que d’Italie. Alors que pourtant, si l’on y réfléchit bien :

« On choisit pas ses parents, on choisit pas sa famille
On choisit pas non plus les trottoirs de Manille
De Paris ou d’Alger pour apprendre à marcher… » (6)

Car les villes sont aussi les lieux où se réalise la fraternité des hommes, leurs capacités à s’accueillir. Ainsi Enrico Macias, chantre s’il en est des bons sentiments, se souvient-il que Paris “[l’]a pris dans [ses] bras”, sans pour autant oublier que…

« les Gens du Nord
ont dans le cœur le soleil qu’ils n’ont pas dehors,
(…) et dans les yeux le bleu qui manque à leur décor. »

Il reste que ces villes où nous vivons, autant que possible, on les aimerait accueillantes. La dignité des hommes exige d’abord des conditions de vie décentes et raisonnables. Si nous voulons qu’ils vivent ensemble en bonne intelligence, accordons leur les scènes de théâtre qu’ils méritent. De la forme des villes de demain, dépendront les relations humaines que nous et nos descendants saurons construire.

(1) Répétition d’une consonne ou d’un groupe de consonnes dans une phrase ou un vers
(2) Sully Prudhomme: (1839-1907) Poète français
(3) Shakespeare, in « As you like it »
(4) Charles Aznavour : Nous irons à Vérone
(5) Charles Aznavour: Que c’est tristeVenise
(6) Maxime Le Forestier: Né quelque pa

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