Si si la famille !

Parcours
Publié le 6 février 2020
Mis à jour le 6 juillet 2021

V.
Famille choisie, nouvelle famille

« Si si la famille», Vincha, 2013

La famille, on peut aussi la choisir et donc s’en éloigner voire s’en séparer avec plus de facilité qu’on ne le ferait avec ses parents. C’est la fratrie de cœur, celle que l’on se fabrique avec ses amis ou ses mentors rencontrés sur le bord du chemin. Elle accueille et réchauffe et se compose à notre image, c’est ce dont parle Vincha.

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Portrait de Vincha (Crédits : Franck Loriou).

Qui est Vincha ?

Vincent Brion, alias Vincha, est né à Fontainebleau en 1983. Il appartient à la grande famille des slameurs-rappeurs, celle de tous ces musiciens tchatcheurs et hâbleurs qui un jour ont décidé que la musique et les mots seraient la grande affaire de leur vie et ne vivent que pour s’y consacrer, à défaut d’en vivre bien. Cet artiste plein de gouaille aime le bon mot et la chanson, mais aussi les sonorités nonchalantes et ensoleillées. Et pour cause, entre deux démos, il voyage, étudie l’enseignement du français langue étrangère, enseigne au Chili, roule sa bosse en Afrique et en Amérique du Sud.
Avec son premier album sorti en 2013, « Si si la famille », Vincha remet au goût du jour la chanson populaire et imagée portée par des figures telles que Bobby Lapointe, Antoine ou Pierre Perret avec son rap léger aux couleurs inédites, piochées dans les halls des cités, sous les abribus ou dans les cours de récréation. Il revendique son goût pour le rap qu’il découvre adolescent en écoutant radio Générations. « Le rap est LA musique de (ma) génération qui s’est souciée du texte » comme il aime le dire. Vincha trace sa route et il est à suivre de près.

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« Askip…» (Crédits : Ben White via Unsplash).

Contexte : Patois, dialectes, argot et verlan… le français langue vivante !

Glissée avec un sourire complice au milieu ou en fin de phrase, « Si si la famille », cette drôle d’expression, dit « tout va bien ». Généralement elle est suivie d’un « tkt » (t’inquiète) histoire de bien rester entre soi. Car quand on veut se parler en étant sûr de ne pas se faire comprendre des autres, parents, professeurs ou adultes, ces expressions chatoyantes sont sacrément utiles. Elles ont le don d’exaspérer ceux qui justement s’en trouvent exclus, furieux non seulement de se voir ainsi interdits de compréhension, mais, plus grave encore, blessés de se voir signifier qu’ils ne sont plus à la page, plus dans le coup. Bref, trop vieux pour comprendre ! Peut-on maîtriser les évolutions de la langue orale ? Ce n’est pas une question nouvelle… Il fût une époque où les dialectes et patois régionaux étaient interdits à l’école et traqués par les règlements qui imposaient une conception académique du français. La reconnaissance du patrimoine des langues régionales en France, la discussion autour de la charte européenne des langues régionales ou minoritaires et les débats autour du statut des langues de l’immigration nous invitent à être attentifs à la multiplicité des modes d’expression oraux et écrit, notamment à l’heure du SMS et des réseaux sociaux qui fabriquent de nouveaux codes, diffusent de nouveaux modes d’expression et finalement renforcent en la diversifiant notre capacité à communiquer. Ce qui est le propre de l’homme.

« Si si la famille » par Vincha, 2013

3:53

Qu’est-ce que « Si si la famille » ?

Dans cette chanson extraite de son premier album, Vincha nous offre une bonne ration d’affection et de tendresse. « Si si la famille » est pourtant un morceau un peu fataliste (les godasses avancent comme elles peuvent), largement généreuse (mes amis je les tiens, j’y tiens et j’le montre) et surtout très optimiste (la liberté ça donne envie de choisir, d’avancer les yeux fermés en donnant confiance à la vie) à la façon de celles, sur un registre voisin de Grand Corps Malade déroulant sa passion pour Saint-Denis ou d’Anis chantant la sienne pour Cergy. Evidemment, nous ne manquerons pas de signaler combien cette chanson fait écho à celle des Négresses Vertes, leur enjoué « Famille nombreuse, famille heureuse ». La famille et l’amitié emplissent cette chanson au tempo assez lent et chaloupé, comme disent les musiciens - façon de désigner ce rythme appuyé qui invite à faire tanguer épaules et bassin. Il faut dire que dans leur grande majorité, cette génération d’artistes, trentenaires dans les années 2010, dont Vincha est une talentueuse figure appartiennent à la descendance nombreuse qu’ont produite les musiciens de la Jamaïque, au premier rang desquels Bob Marley. Leurs chansons exhalent toujours un léger parfum de reggae. Les mots choisis par Vincha pour peindre sa drôle de bande sont colorés bigarrés qui, assemblés les uns aux autres, produisent des phrases bizarres, un poil hermétique, surtout si deux ou trois mots de verlan, de portugais, d’arabe, de javanais ou de polonais viennent s’y nicher. Et, ne vous y trompez pas, c’est toujours voulu ! Le « bien parler », ce n’est pas trop au goût du rappeur lui préférant l’impertinence de la gouaille populaire qui permet de dire si bien le réel.

Paroles de « Si si la famille »

C'est sûr que si on avait pu A 15 ans pas révolu On aurait p'têtre changé Pères et mères Et frères et soeurs aussi Si on avait pu choisir Ses trottoirs, sa famille J'aurai p'tetre choisi autre

Défaite de famille

Morceau

2017
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