Les punks français

Parcours
Publié le 5 juillet 2021
Mis à jour le 7 juillet 2023

V.
Les punks. Le goût du bizarre

"Ma mère me rend folle", Les Wampas, 1998

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Les Wampas, avec Didier Wampas en haut au centre (source : Wikipedia)

Qui sont les Wampas ?

Formés en 1983 sous la houlette (et houppette) de Didier Chappedelaine -Wampas, mécano à la RATP, les Wampas font partie de la scène punk rock alternative française. A l’écart du star système, c’est un groupe atypique “joyeux et sain”, un groupe historique de la scène indé-alternative des années 80/90, vivant à fond l’esprit rock and roll des origines.
Avec des chansons un poil foutraque, des bribes de textes excentriques aux allures enfantines et de grosses influences punk, rockabilly voire « yé-yé » le groupe s’est bâti une forte audience auprès d’un public amateur de non sens et d’énergie pogotante. C’est avec le single « Manu Chao » qu’il se fait connaître du grand public.
Dans la foulée, ils sont nommés aux Victoires de la Musique en 2004, dans la catégorie « Groupe/Artiste révélation scène de l’année ». Malheureusement, le public préférera faire gagner Kyo. Mais les Wampas se vengent terriblement en occupant des salles plus grandes telles l’Olympia ou les Zénith. Ce qui leur permet de faire un nouveau hit avec « Chirac en prison », qui courra sur toutes les lèvres, puis un troisième et excellent album, “Les Wampas vous aiment”. Avec 16 albums au compteur, les Wampas restent une formidable attraction en concert. Ils sont programmés sur la grande scène de la Fête de l’Humanité en 2022.

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L’équipe de France gagne la Coupe du Monde… est-ce tout ce qu’il faut retenir de 1998 ?

Contexte : Punk is dead ?

En 1998, le punk est mort, ou en tout cas, il ne va pas très bien… Courant musical aussi intense que bref, il a connu son âge d’or à la fin des années 1970 jusqu’au début des années 1980 soit une poignée d’années. Les punks croient qu’il n’y a pas de futur, surtout pour eux… beaucoup de groupes se sont séparés : star system, brouilles, alcool, drogue, les raisons de ne manquent pas. Et puis en 1998, on est bien trop occupé à suivre la Coupe du monde et les exploits d’une équipe Black Blanc Beur. Mais il reste des poches de résistance, et les Wampas en font partie. Le punk bouge encore et il le montre !

Les Wampas - Ma mère me rend folle

3:42

"Ma mère me rend folle" en quelques mots

Évidemment, en écoutant ce titre aussi décontractant qu’une craie sur un tableau noir, la bio du groupe peut faire sourire : joyeux et sains, tu parles ! En vrai, Zebrock soupçonne depuis longtemps l’individu chanteur Didier Wampas de n’être qu’un dangereux psychotique à la solde d’une secte d’adorateurs de Johnny Rotten, le leader des Sex Pistols. Ce n’est pas le présent morceau qui nous fera changer d’avis, qui, par-dessus le marché, nous révèle qu’il se prend pour une fille… Vous avez dit bizarre ?

Paroles de "Ma mère me rend folle"

Ma mère me rend folle Je suis très très calme Je suis très gentil Je suis très très calme Toujours bien peigné Mais ma mère me rend folle Toujours derrière moi Ma mère me rend

Fier de ne rien faire » par Les Olivensteins, 1979

2:06

Qui est Lulu Van Trapp ?

Super-héroïne foutraque ou attachée de presse foldingo ? Derrière cet avatar aussi bizarre qu’inoubliable se cache une fille et trois garçons qui cultivent l’art subtil du décalage. Formé en 2017, Lulu Van Trapp est formé de Rebecca et Max (anciens de La Mouche, groupe punk et énervé squattant à Saint-Ouen), de Manu à la basse et de Nico à la batterie. Habitué à saigner les scènes parisiennes, ce quartet de potes carbure au « fais-le toi même » et à l’autoprod’ ; imagine tout de l’univers de Lulu, des clips au look.
La filiation avec La Poison ou les Rita Mitsouko semble évidente, et d’ailleurs Catherine Ringer n’est pas très loin de ces quatre-là, mais cette comparaison reste un peu facile. La musique de Lulu Van Trapp conserve l’énergie punk des débuts de ses membres pour surfer entre le rock brut et la pop faussement naïve, de préférence pleine de synthétiseurs. Ses morceaux offrent une palette d’ambiances et de sonorités qui font de Lulu Van Trapp un groupe haut-en-couleur à écouter en toute décontraction.

Le Gibus, ce n’est pas qu’un couvre-chef

Ouvert en 1967, ce club de la rue du Faubourg du Temple est, avec le Golf-Drouot, la Locomotive et la Taverne de l’Olympia, un haut-lieu flamboyant de la scène rock et punk des années 70, 80 et 90. On y croise toute une faune nyctalope, des blousons noirs aux punks en passant plus tard par les teufeurs techno et les amateurs de hip-hop à l’époque où celui-ci était cantonné à la banlieue. Rares sont les grands groupes de rock de toutes les époques à ne pas y avoir enflammé la scène et les backstages. Les plumes rock, de Patrick Eudeline et à Philippe Manœuvre, y ont leur rond de serviette et le Gibus fut le lieu du crime de pas mal de concerts bouillants aux dérapages incontrôlés. Une réputation sulfureuse qui fera de la salle un club mythique, quitte à ce qu’elle devienne au fil des ans une attraction pour branchés.
Maison mille fois rock, le Gibus. La preuve. En mars 1985, après deux semaines de résidence, les furieux et talentueux Fleshtones y enregistrent un album live qui fera date dans la mémoire du rock. Speed Connection, c’est son nom, est un pur produit « garage » dont la pochette est signée par M. Serge Clerc, chef de file de la BD underground des années 80. Il sera publié une seconde fois après la tournée française du groupe. La première version de Speed Connection « made in Gibus » deviendra super collector. En 2012 puis en 2019, les New Yorkais retrouvent la moiteur du club pour des shows toujours aussi impeccables. De quoi perpétuer la légende du lieu.

Caméléon : le paradis du digger

Caméléon Records, c’est avant tout une histoire, l’histoire d’un mordu complet de rock d’une part, et d’autre part l’histoire d’un hard-rock perdu dans les abysses du temps.

Tout commence lorsque l’ouvrier du bâtiment Claude Picard crée dans les années 2000 une base de données consignant tous les vinyles sorti par des artistes étrangers en France des années 50 à nos jours. C’est un travail immense me direz vous et justement, il n’est pas passé inaperçu, son nom à tourné chez les amateurs, son encyclopédie trouva pas mal de contributeurs. En 2007, un label, Mémoire Neuve, nait de ces relations. Lancé dans l’aventure vinyle avec ce label spécialisé en disques unreleased (« non édités ») des années 70 et 80, Claude fonde 3 ans plus tard VinylVidiVici Records, pour ré-éditer les perles issues de ses recherches pour compléter son incroyable encyclopédie. Il pressera aussi les 45 tours de groupes récents. C’est dans ce contexte que, en 2012, sort l’EP Habershon Ways, du groupe Repulse, un disque édité initialement en 1982 mais qui est trop introuvable et trop cher pour atterrir dans le salon des amateurs. Caméléon Records est né. Ce sous-label de VinylVidiVici sort uniquement des rééditions d’œuvres inaccessibles, des petits tirages mal vendus et connus seulement par une audience spécialisée lors de leur parution. Jusqu’à nos jours, Claude Picard continue à passer l’histoire musicale pop et rock française au peigne fin, à décrypter mythes et légendes. Ce qui fait la spécificité de son travail ? Il ne s’intéresse qu’aux groupes non-parisiens car les abysses punk de notre capitale sont déjà bien documentées, contrairement au reste du pays. Pour vous dire à quel point les recherches pour Caméléon sont poussées, un jour, le label sortît un disque dont le compositeur ne se souvenait même plus qu’il en était à l’origine !

Si vous cherchez votre pépite hard rock de la semaine, jetez un œil à Caméléon !

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