Travailleurs, travailleuses... chantez maintenant !

Parcours
Publié le 1 mai 2020
Mis à jour le 6 juillet 2021

Le 1er mai est la journée internationale des travailleurs. Née en 1889, cette journée est fixée en souvenir d’une grève nationale pour la journée de 8 heures des ouvriers nord-américains le 1er mai 1886, achevée dans la répression et un bain de sang. Depuis, elle incarne la lutte des classes. Un tel symbole est prétexte à revisiter quelques chansons familières du monde ouvrier et du bleu de travail.

I.
Condition féminine, lutte féministe

La Grève, Francesca Solleville, 1977

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Francesca Solleville, une chanteuse expressive

Qui est Francesca Solleville ?

Née à Périgueux le 2 mars 1932, la jeune Francesca, prénom qui lui vient de sa mère, réfugiée italienne antifasciste, s’éprend du chant lyrique. Mais ce sont les bouillonnants cabarets de la rive-gauche de la fin des années 50 qui l’attirent. Elle y croise Léo Ferré, Jacques Douai, Barbara, autant de personnalités qui l’encouragent et l’aident à se frayer le chemin d’interprète qui sera le sien, nourri de poésie. Luc Bérimont, Aragon, Neruda, Mestral et combien d’autres lui fourniront des textes pour des chansons qu’elle interprète avec passion de sa voix forte. Femme de gauche, liée aux combats antifascistes, la militante féministe sera de maints galas de solidarité et autres manifestations, alors que les radios font mine d’oublier sa grande valeur artistique.

La grève

4:29

La France en 1977

Près de dix ans après l’effervescence sociale et sociétale de 1968, la France présidée par Valery est un chaudron. Des usines sont en grève, lycéens et étudiants sont dans la rue contestant les réformes en cours, les mouvements féministes ont le vet en poupe après le vote de la loi Veil, deux ans plus tôt. Un vent de changement parcourt le pays, qui se traduira par une vague de gauche aux élections municipales, avec en toile de fond, le Programme commun de la gauche qui nourrit bien des espoirs de changement dans le monde ouvrier…

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Que dit La Grève ?

Pierre Grosz a écrit cette chanson : de Polnareff à Jean Ferrat en passant par Gilbert Bécaud, cet auteur aura fréquenté les plus grands. Avec un sens aigu de la métrique et de la rime, il met en scène une usine d’électronique à main d’œuvre féminine. Il raconte avec méticulosité le quotidien de ces femmes embauchées car elles ont les doigts fins, qui ont des petits salaires et s’autorisent rarement à l’ouvrir, faisant face la plupart du temps à un patronat et un encadrement masculins encore bien éloignés de l’ère #MeToo. Comme ce fût effectivement alors le cas dans bien des usines en grève, la lutte a un effet transformateur sur ces femmes qui se découvrent amies et sœurs de combat, d’espoir et de dignité. Francesca Solleville, Passionaria des luttes ouvrières, met toute son énergie pour une interprétation d’une grande intensité dramatique et d’une totale véracité. Cette chanson aux allures martiales, sorte d’hymne au combat, se distinguait des standards à la mode, mais avouons-le, elles sont rares les chansons qui évoquent le quotidien des femmes ouvrières.

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Les doigts fins des femmes...

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... sont bien utiles

Les paroles de La Grève

J’ travaille depuis dix-huit mois
Du côté de Choisy-le-Roi
Dans un atelier qui fabrique
Des composants électroniques

Au début, j’ai pensé “Quelle chance
D’avoir un travail, quand j’y pense,
Même si ça ne paie pas beaucoup
Avec ce chômage, après tout !”

Et puis, emportée dans la danse
Du rendement et des cadences
J’ai commencé à déchanter
Sans oser le manifester

Mais le jour où, sur toutes les lèvres,
Un seul cri a jailli “La grève !”
J’ai crié avec les copines
Qui venaient d’occuper l’usine

{Refrain:}
C’est la grève, la grève !
Faut qu’on la gagne ou qu’on en crève
Et je dirais même, entre nous,
Vaut mieux manger des pommes de terre
Et rester d’bout et tenir l’ coup
Que manger du bifteck
Mais se mettre à genoux,
Messieurs les patrons, devant vous !

La vie quotidienne s’organise
Les maris lavent les chemises
C’est eux qui font les commissions
Nous qui menons la discussion

À mesure que la lutte s’avive
Je comprends mieux ce qui arrive
Que plus dure sera la bagarre
Plus grande sera notre victoire

J’apprends la solidarité
Pour nous, les chanteurs viennent chanter
Des inconnus, pour nous, se privent
Pour mieux nous aider à survivre

La lutte s’amplifie encore
Dans la rue, nous allons alors
Et les gens bien, tout étonnés
Plissent le nez “Mais, qu’est-ce que c’est ?”

{au Refrain}

Et puis un jour, on a gagné
On se regarde tout étonnées
Magnifique ou bien dérisoire
Cette victoire est notre victoire

Je me retrouve à l’atelier
Seulement, quelque chose a changé
J’ai compris que dans toute lutte
C’est aussi pour moi que ça lutte

Et quand la télé nous endort
Avec ses messieurs bouche d’or
Moi, j’ ne perds jamais ma confiance
Je me dis à part moi “Patience !”

On va subir ce qu’on pourra
Jusqu’à ce qu’on en ait jusque-là
Car c’est vraiment pas par plaisir
Qu’un jour on en arrive à dire

Les femmes de sonolor - Vidéo Ina.fr

2:14

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