Hip Hop au pluri.elle

Parcours
Publié le 2 juin 2020
Mis à jour le 3 février 2023

V.
Tkay Maidza, une claque venue d'Australie

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Portrait de Tkay Maidza (source : Libération)

Qui est Tkay Maidza ?

Née en 1996 au Zimbabwe, Takudzwa Maidza a quitté son pays natal alors qu’elle n’était encore qu’une toute petite fille pour s’installer et grandir en Australie, ce pays en forme de rêve ensoleillé, chargé de préjugés racistes qui exile ses immigrés sur des ilots du Pacifique. Baignant dans la musique depuis toujours grâce à un papa musicien, la jeune fille se forme sur le tas dans le studio de son père. Au début, ce n’est qu’un jeu puis les choses sérieuses commencent. Un pied dans le rap, l’autre dans l’électro, véritable élève modèle de la pop, l’ego trip et le flow rapide à souhait de Tkay Maidza ont séduit le label Kitsuné, où elle rejoint d’une jeune garde d’artistes australiens à surveiller de près. Citons Parcels parmi d’autres. Son amour pour les cartoons inspire ses premiers clips, animés et bien léchés. Tout comme ses instrus, ils délivrent une dose de bonne humeur. Si vous faites le tour de sa discographie déjà bien fournie, vous pourrez aussi tomber sur des pépites festives et house dignes de passer dans les plus grands clubs (essayez donc “Bom Bom” ou “Switch Lanes”). Tkay Maidza s’autorise aussi des clins d’œil sonores à son pays natal comme le prouve l’instru aux sonorités africaines de “Big Things”, morceau d’ouverture de son dernier album. Une chose est sûre, son registre sans fin nous promet encore de belles surprises !

Contexte : l’Australie, terre pop plus que hip-hop ?

Tkay Maidza l’affirme elle-même, la comparaison avec d’autres artistes australiennes ne lui plaît pas franchement. Et on la comprend à l’écoute ! Son style aux accents punk tranche avec la dernière artiste australienne à s’être exportée, Iggy Azalea… La jeune prodige adepte du mélange des genres s’est accrochée car la scène australienne, où les univers rap et pop sont clairement séparés, a été dure à dompter. La France, par contre, a les yeux rivés sur elle depuis 2015. Tkay Maidza joue sur les plus grandes scènes mondiales depuis l’âge de 19 ans et en 2019 elle accompagne même l’Américaine Princess Nokia dans sa tournée internationale.

Le MéloTop 3 de Tkay Maidza

“Switch Lanes” de Tkay Maidza, 2014

3:22

“Flexin’” de Tkay Maidza (feat Duckwrth), 2018

3:59

“Awake” de Tkay Maidza (feat JPEGMAFIA), 2019

4:19

Qui est Ana Tijoux ?

Ana Tijoux est sans doute la plus grande référence en termes de rap féminin sur le continent latino-américain. Toute en dualité, elle est chanteuse et rappeuse, et détentrice d’une double nationalité franco-chilienne. Les parents d’Ana Tijoux s’exilent en France lors de la dictature militaire de Pinochet (1973-1990), et l’artiste naîtra ensuite sur le sol français où elle passera les quinze premières années de sa vie. Alors que la démocratie revient dans son pays natal, Ana Tijoux s’installe durablement au Chili dès 1993. Elle y débute sa carrière dans le monde du hip-hop, en groupe d’abord, puis en solo à partir du milieu des années 2000.
Sa notoriété grandit et c’est son second album solo en 2009 qui marque le début de son immense succès. L’album 1977, année de sa naissance, l’identifie comme la grande rappeuse que l’on connaît aujourd’hui. Dans cet album, elle explore son parcours de vie, entre la France et le Chili. Le single éponyme a rejoint la BO de FIFA 11 et celle de la série Breaking Bad et l’album est récompensé aux Grammy Awards.
Sa carrière explose, et se poursuit avec son album phare sorti en 2014, l’incontournable Vengo. Un sans-faute, du début à la fin, lui aussi nommé aux Grammy Awards. Le flow y est juste, tranchant, percutant. Les morceaux sont des cris de colère, et c’est là qu’Ana Tijoux révèle toute l’étendue de ses engagements. Elle partage un album profondément politique, se posant comme porte-parole des luttes chiliennes, latines, et universelles. Les morceaux traitent de thèmes forts : les violences patriarcales avec le très puissant « Antipatriarca », le néocolonialisme avec « Oro Negro », les inégalités mondiales avec « Somos Sur », et bien d’autres encore. La production de l’album montre un travail de réflexion sur son identité créative. On y reconnaît des influences rap des années 90, du funk brésilien, mais aussi des rythmes latins avec parfois des emprunts à des instruments traditionnels, comme la flûte de Pan.
Depuis 2016, Ana Tijoux cherche à s’affranchir des maisons de disque et lance son propre label, Mizuko Records. De nouveaux morceaux sortent régulièrement et l’artiste s’accorde des détours hors de la sphère du rap, avec des titres comme « Calaveritas » par exemple. Ana Tijoux reste liée à l’actualité et à ses engagements, elle publiera ainsi plusieurs morceaux liés à la révolte d’octobre 2019 au Chili (« Cacerolazo », « Rebelión de Octubre »). Elle collabore également avec d’autres musiciens et musiciennes latino-américains, notamment avec la plus grande rappeuse argentine, Sara Hebe, sur le morceau « Almacen de Datos ».

Qui est Nicki Minaj ?

Toutes les superstars d’hier et d’aujourd’hui ont déchaîné les passions. Dans les années 1950, Elvis Presley choquait par son déhanché trop suggestif. En 2010, Lady Gaga foule le tapis rouge des MTV Awards dans une robe de viande et crée le scandale. Nicki Minaj ne saurait faire exception.

Au demeurant, rien ne la prédestinait à la musique. Onika Tanya Maraj naît à Trinité-et-Tobago en 1982 au sein d’une famille compliquée. Elle est d’abord élevée par sa grand-mère, avant que sa mère ne déménage avec elle à New York à l’aube des années 1990. Aux États-Unis, la jeune Onika est troublée par un père alcoolique et violent, mais trouve refuge dans la musique — la clarinette, en réalité —, et l’art dramatique dont elle est diplômée. Au boulot, elle s’ennuie et le fait savoir, quitte à se faire virer de tous ses petits jobs pour impolitesse. Un beau jour, elle largue tout et décide de se consacrer au rap. Audacieux pari, à une époque où le monde entier est biberonné à la grosse pop clinquante de Lady Gaga ou de Katy Perry.

Justement, celle qui devient Nicki Minaj compte bien reprendre à son compte la recette de la pop qui marche, tout en restant résolument hip-hop et rap. Elle sort son premier album Pink Friday en 2010 qui comprend son premier smash « Super Bass ». Mais Minaj explose réellement deux ans plus tard, avec un nouvel album et le titre « Starships », hit hybride pop et rap qui la propulse au rang de superstar. « Starships » annonce ce qui deviendra les musiques urbaines, cette fusion entre pop, hip-hop et rap qui domine aujourd’hui le paysage musical.
Nicki Minaj enfonce le clou en 2014 avec son scandaleux « Anaconda » qui popularise le twerk, et qui, surtout, lui colle une image de femme libérée pour les uns, d’allumeuse pour les autres. Après ce succès fulgurant qui témoigne d’un flow inégalé, Minaj sort deux autres albums sans jamais avoir peur de déplaire.

Mais au-delà des messages d’émancipation qu’elle porte pour les femmes, elle présente aussi un univers artistique captivant et plus sombre que ce que l’on imaginerait. Pour survivre à son enfance, Onika a dû créer des alter ego que Minaj exprime en musique. Cookie, Harajuku Barbie, Nicki Lewinsky ou même Roman Zolanski, autant de personnages et de facettes de sa personnalité qui s’expriment à travers ses chansons avec leurs propres histoires. Non sans rappeler, Eminem et son double Slim Shady — avec qui elle a collaboré —, ou David Bowie et Ziggy Stardust… entre autres !

« Seeing Green » par Nicki Minaj, Drake, Lil Wayne 2021

Qui sont François Poitou & Pumpkin ?

Après ses deux premiers albums dans un univers jazz contemporain et musique de chambre, François Poitou, contrebassiste et compositeur, propose un nouveau projet artistique. En 2020, il intègre au sein d’un quartet jazz la rappeuse Pumpkin. Rencontre entre le jazz moderne et le rap français old school, François Poitou & Pumpkin proposent un univers énergique où l’improvisation jazz se mêle aux textes rappés. Les textes sont tantôt sombres, tantôt lumineux, les arrangements sophistiqués et le résultat toujours exaltant ! Il ne s’agit pas d’une fusion jazz et hip-hop mais bien de morceaux de jazz contemporain. La voix, un rap très 90’s, est vue comme faisant partie des instruments.

Qui est BRÖ ?

Née au milieu des années 1990, BRÖ, de son vrai nom Elisa Brolli, est une chanteuse et rappeuse originaire de Paris. Ce surnom, BRÖ, elle l’a reçu au lycée de son équipe de volley et l’a gardé pour l’aura de mystère qu’il tisse autour de sa personne. On ne sait pas vraiment à quoi s’attendre avec elle. Mais peu de filles arrivent à se faire une place dans le monde du rap, donc les oreilles se dressent naturellement quand elle s’empare du micro.

A 23 ans, BRÖ devient la lauréate du tremplin musiques urbaines STRI-IT. Ses chansons sont un mélange de rap et de chant, aux inspirations pop et trap. Un mélange des genres à l’image de ce que sont les musiques urbaines aujourd’hui : hybrides, décloisonnées, désinhibées.
L’amour, le féminisme, le corps sont des thèmes qui traversent ses morceaux : être une femme en 2023, c’est ce que raconte BRÖ avec beaucoup de justesse. Elle chante sans fard et avec force le désir, les désirs des femmes, et la vie libérée qu’elle mène. Bref, des chansons rafraichissantes à souhait et qui font mouche quitte à secouer !

Après la sortie de plusieurs singles, BRÖ sort son premier album Klaus en novembre 2019. Cassandre suivra en 2021, l’année où elle intègre le renommé Chantier des Francos. Elle revient deux ans plus tard avec un nouvel album Grande où elle collabore avec d’autres artistes comme Ehla ou Ichon. Cet album est le plus pop de toute sa discographie. Sa voix très douce y est particulièrement mise en valeur dans des morceaux avec des arpèges de guitare planants.

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