Hàng Lâm Trang Anh est née à Ho Chi Minh en 1990. Celle qui se fera un nom en tant que Suboi apprend l’anglais en écoutant Eminem. En 2016, la rappeuse commence très fort en se faisant connaître dans le monde entier par un freestyle lâché devant Barack Obama en pleine visite officielle, rien que ça ! C’est la même année que sa carrière décolle, avec des morceaux téléchargés d’un peu partout sur la planète. En France, on a pu l’apercevoir sur des encarts publicitaires, notamment en tant que modèle pour H&M ou Kenzo. Elle rappe aussi bien en vietnamien qu’en anglais, avec une certaine préférence pour sa langue maternelle. Suboi est devenue une star dans son pays, le fer de lance du hip-hop vietnamien et véritable icône pour toute une génération grâce à son rap fort, subtil, aux accents trap. Avec trois albums à son actif, la jeune femme n’est pas prête d’arrêter.

Un million d’abonnés et une popularité grandissante dans le monde entier, voilà qui a de quoi agacer les autorités d’un pays encore marqué par les conséquences de la terrible guerre que lui ont infligée les États-Unis dans les années 60/70 et fâché avec la liberté d’expression. Parti unique, rigidité, limitation de l’usage des réseaux sociaux (principalement américains, rappelons-le) la tentation est grande de recourir à la censure. Ici aussi le web est surveillé et les artistes ont tôt fait d’apprendre à se jouer des obstacles. Dans ce contexte étouffant où chaque post est scruté à la loupe, Suboi, en position d’équilibriste, continuer de rapper. Quand le poids de son influence ne suffit pas, sa plume prend le relais. Suboi joue avec langues, chante en anglais et traduit les textes, à la demande des autorités, dans un vietnamien édulcoré pour répondre aux exigences des médias nationaux. Un joli tour de passe-passe d’ailleurs bénéfique à la jeune femme puisqu’il l’oblige à constamment repenser ses textes, tantôt offensifs tantôt poétiques, souvent les deux.