Un album symphonique ! C’est ce qu’Allain Leprest, chanteur, poète et compositeur, rêvait d’enregistrer avec 13 des 280 chansons jalonnaient sa carrière. La mort l’ayant accueilli entre temps, son ami Romain Didier poursuivit l’œuvre entamée en se chargeant de l’orchestration des titres. Si certains des morceaux avaient déjà été enregistrés par Allain Leprest avec sa propre voix, les autres titres ont été interprétés par ses proches ayant souhaité lui rendre hommage, parmi lesquels Daniel Lavoie, Romain Didier, Kent, Enzo Enzo ou encore Christophe. C’est avec l’Orchestre des Hauts-de-Seine dirigé par Laurent Brack que l’album prit forme retraçant l’œuvre d’un artiste qui touchait par la profondeur et la poésie de ces textes qui lui valurent sa qualification de « Rimbaud du XXe siècle ».

« D’Osaka à Tokyo » est interprétée, dans cet album « Leprest symphonique » par Daniel Lavoie. Allain Leprest l’écrit à la suite d’un évènement tragique qui eut un retentissement international. Un avion qui reliait Osaka et Tokyo le 12 août 1985 vint à se crasher ne laissant que quatre rescapés. Au milieu des décombres fut retrouvée la lettre qu’un des 524 passagers avait écrite à ses proches. Allain Leprest réadapta ce message traduit dans le journal pour le mettre en chanson comme un hommage. Le texte poignant relate les dernières pensées d’un homme qui sait que sa fin est proche et qui dresse un rapide bilan de sa vie entre de doutes en souvenirs heureux. La profonde tristesse que provoque Allain Leprest comme Daniel Lavoie est renforcée par leur interprétation calme et sourde qui contraste avec la situation terrifiante décrite par les paroles.

Les quelques notes faites au xylophone au début du morceau inscrivent le récit dans un autre temps, le temps suspendu du souvenir. L’orchestre resitue géographiquement et musicalement le poème à travers quelques sonorités extrême-orientales données au violon évoquant par moment le erhu, cet instrument traditionnel chinois à deux cordes frottées .