La Souris Déglinguée existe depuis 1976 mais prend réellement son élan en 1979 avec la sortie d’un premier 45T Garçon Moderne/Haine, Haine, Haine.
Derrière ce nom de groupe peu banal (“On voulait quelque chose qui soit une sorte de Mickey pété, déglingué, sous hallucinogènes » a raconté le manager du groupe) se cachent quatre fans de rock au sens large ; mais c’est l’arrivée récente du mouvement punk qui va guider les pas musicaux de Tai-Luc (chant, guitare), Jean-Pierre Mijouin (guitare), Rikko (basse), Jean-Claude Dubois (batterie), formation qui évoluera avec le temps mais toujours avec Tai-Luc comme figure centrale.
Au départ, si quelques classiques du rock émaillent encore le répertoire du groupe, peu à peu ce sont ses compositions personnelles, « Yasmina », « Banlieue Rouge » ou « Jaurès-Stalingrad » qui accrochent un public souvent agité qui commence à suivre le groupe. L’époque est en effet violente dans les milieux des concerts punk parisiens qui parfois se terminent en émeutes ou tout du moins en bagarres entre différentes franges de spectateurs.

Au niveau discographique, le premier album de LSD (puisque c’est ainsi que les fans appellent le groupe), distribué par New Rose, va être accueilli favorablement et se vendra très vite à 15 000 exemplaires. Ensuite, l’enchaînement des enregistrements et des tournées rythmera longtemps la vie de « la Souris ». Les disques seront nombreux (une vingtaine sur la totalité de la carrière), les concerts seront souvent houleux et les thèmes abordés par Tai-Luc dans ses chansons évoqueront de plus en plus fréquemment l’Asie où il commence à séjourner dès le début des années 80. Un continent où le groupe finira par se produire, entre autres à Phnom Penh en 1999 devant dix mille personnes mais aussi à Shanghai ou à Pékin.
Des voyages qui ne doivent pas faire oublier qu’en France la Souris Déglinguée et sa « poésie de la rue » bénéficient d’un soutien quasiment sans faille d’un public à la fois fidèle et renouvelé .
Deux évènements marquants démontreront d’ailleurs la continuelle popularité de la Souris Déglingué ; l’un en 2010, lorsque le groupe fête ses trente ans de carrière dans un Bataclan qui fait le plein ; l’autre en 2015 lorsque Tai-Luc et les siens donnent un concert rétrospective de plus deux heures sur la scène d’un Olympia complet depuis plusieurs semaines. La performance sera retransmise en direct sur la chaine Arte.

Les guitares ont ce son délibérément craspec. Pas là pour flatter vos oreilles ou mettre en valeur la qualité de votre hi-fi. La voix rauque de Taï-Luc révèle comme à chaque fois son rocker punk archétypal, mal léché… et d’une inquiétante élégance. Sur ce titre apparaît précisément l’influence du Clash : couplet brutal et refrain ralenti par un beat métissé jamaïcain. En fin de morceau, se devine aussi comme un clin d’œil aux tous premiers rockers, période Eddie Cochran. En somme, trois minutes suffisent à LSD pour ciseler un hymne à toutes les générations de rebelles, passées, présentes, à venir.