La musique a sa télé : MTV. Les clips font fureur, les radios libres deviennent commerciales. Un nouveau média, le minitel arrive dans les foyers en même temps que les premières consoles de jeu : tellement archaïques aujourd’hui. La mort de l’étudiant Malik Oussékine poursuivi par la police à l’issue d’une manifestation à Paris crée un choc. Les Restos du Cœur sont fondés par Coluche en 1985. Pour un an au début ! Les groupes de rock alternatif, Bérurier noir, Mano Negra et Garçons Bouchers en tête prônent l’indépendance et l’insoumission de la jeunesse. Le hip hop se diffuse en France depuis 1984 grâce à l’épatante H.I.P. H.O.P., émission de TF1 présentée par Sidney : énorme succès dans la jeunesse.

Fifres à tue-tête et roulements tambours sonnent la charge, les guitares baïonnettes viennent en renforts et l’enthousiasme des chœurs est à la mesure de l’élan révolutionnaire dont cette chanson nous rapporte l’écho. C’est sûr, nous sommes à Valmy, cette plaine de Lorraine où en 1792 l’armée des va-nu-pieds de la jeune révolution mit en déroute celles, aguerries et richement vêtues, des aristocraties européennes bien décidées à faire taire le rêve de liberté-égalité-fraternité proclamé par les français. Mais, comme dit la chanson : « leur coup a manqué, grâce à nos canonniers ». Les amateurs érudits entendront à la fin un petit clin d’œil musical et mutin aux Rolling Stones, prétexte à affirmer que l’on peut toujours faire ce que l’on veut. Fiers et drôles, la bande de Chihuahua invente cet hymne inattendu où se combinent les textes de la déclaration universelle des droits de l’homme et le fameux droit à l’insurrection inscrit dans la constitution de 1793.

Nous sommes en l’an de grâce 1989, Bicentenaire de la Révolution Française et incidemment période faste du rock indépendant ou rock alternatif. Jaillit l’idée d’offrir un sang neuf à la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen qu’accompagneront pour la circonstance des riffs de guitares fières et indomptées. Récité d’une voix neutre à la façon des hôtesses d’aéroport, le texte mélange des extraits des constitutions de 1793 et de 1946 et de la déclaration universelle des droits de l’homme adoptée par l’ONU en 1948 à Paris et n’oublie pas de nous rappeler qu’un temps fût inscrit dans la constitution le droit à l’insurrection… Roboratif. Mais, qu’en pense la police ?