Chanson, Tweet et Liberté

Parcours
Mis à jour le 16 avril 2019

XI.
Les Rita Mitsouko - Le petit train (1988)

Le contexte de "Le petit train"

La fin des années 1970 marque un tournant : les rêves de changement ont tourné court avec le cri désespéré des punks, « No future », le chômage et un terrible nouveau mal d’amour: le sida. Russes et Américains réchauffent la guerre froide et on est à deux doigts de la guerre des étoiles, la vraie… Si des progrès de la science et de la médecine rendent optimiste, on commence cependant à penser que la chic planète ne tiendra pas le choc, la nature est trop maltraitée. Tristesse nationale : la mort de Claude François en 1978 plonge ses fans dans le désarroi et la variété perd un de ses meilleurs représentants. Mais dans les clubs, le disco est à son apogée, la new wave anglaise renouvelle le rock et le rap fait ses premiers pas avec Rapper’s Delight.

La musique de "Le petit train"

Les Rita Mitsouko excellent à nous surprendre. Ils parodient joyeusement la chanson jazzy du même nom des années 1950 et la transforment en un mambo endiablé. La musique sautillante aux accents très synthétiques a des sonorités “à l’ancienne” et la voix de Catherine Ringer, haut perchée, est presque agaçante (agacer, elle adore ça !). Le chant saccadé est presque chaotique et la mélodie entêtante est portée par un rythme entraînant qui évoque le roulement des trains sur les rails. Il faut voir le clip. Il met en scène une étonnante sarabande bariolée avec des musiciens et danseurs qu’on croirait échappés d’un cirque bengali, ponctuée d’images grotesques, grimaçantes et douloureuses du visage de Catherine Ringer. Seule allusion au propos : les danseurs s’approchent d’une clôture barbelée, la destination du petit train !

"Le petit train" par Les Rita Mitsouko, 1988

5:44

Le texte de "Le petit train"

Avec l’art du décalage qu’on leur connaît, les Rita détournent ici une ritournelle mineure d’André Claveau parue en 1953. Le petit train n’est pas cette fois prétexte à un voyage bucolique et l’humour n’est pas de mise : c’est le souvenir du processus de déportation et d’extermination mis en place par les nazis de 1940 à 1945 qui est évoqué par cette chanson et les camps de la mort sont au bout du voyage. Mais qui le sait ? Qui le devine en voyant au loin serpenter le petit train ? Artiste peintre juif polonais, le père de Catherine Ringer, chanteuse des Rita, fût déporté : c’est bien sûr son souvenir qui habite la chanson.

Paroles de "Le petit train"

S'en va dans la campagne Va et vient Poursuit son chemin Serpentin De bois et de ferraille Rouille et vert de gris Sous la pluie Qu’il est beau Quand le soleil l'enflamme Au couchant à

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