Sous l’Occupation et durant le régime de Vichy, Pétain interdit les bals. En effet, le bal comme endroit de corruption des mœurs ainsi que l’esprit de jouissance des Années Folles sont désignés comme coupables de la défaite de 1940. Sorte de revanche contre le Front Populaire, les Français n’iront plus danser. Ainsi, par décret et jusqu’en 1945, les rassemblements festifs (incluant les bals) sont interdits au départ par les Allemands et ensuite par le régime collaborationniste de Vichy. Loisir populaire pour la jeunesse urbaine comme rurale, l’interdiction laisse éclore un esprit de rébellion. Des bals clandestins sont organisés à l’abri des autorités, dans des granges, des bois, des caves… Malheur à celles et ceux qui n’étaient pas assez discrets. On retrouve dans les archives locales nombres de procès-verbaux attestant de la confiscation des instruments, d’amendes, de fermetures administratives de lieux suite à la tenue de bals. Entre 1941 et 1943 dans le Finistère, on dénombre pas moins de 58 accordéons confisqués !
Si le lien entre les bals clandestins et Résistance n’est pas direct, ces fêtes interdites étaient un terrain de recrutement privilégié pour les groupes de libération. En effet, les bals clandestins étaient l’endroit parfait pour se retrouver dans le secret et s’organiser, au milieu de jeunes ayant déjà fait le choix, à leur manière, de désobéir à l’autorité de Vichy. De ces hommes à la double casquette, Résistant et animateur de bal clandestin, l’accordéoniste Ernest Roussel est une figure remarquable.

Selon les récits de ses camarades, démobilisé, Ernest Roussel anime des bals clandestins, récolte de l’argent pour les prisonniers français en Allemagne, puis dénoncé il perd son accordéon. Après maintes batailles pour le récupérer, il n’arrête pas pour autant son activité de musicien de bal, jusqu’à prendre le maquis en 1943. Ernest Roussel nous a quitté en 2009, rejoignant ses camarades de maquis.