Loin des palais, les gens dansent aussi ! De tout temps, c’est sur la place du village que les rencontres entre les jeunes gens se font et dansent au rythme de diverses mélodies et instruments. Focus sur le bal musette, naissant au début du XXè, qui est sûrement le plus emblématique des bals populaires.
la musette © Paul Hermans pour Wikipédia
La musette est un instrument de musique auvergnat. Ce petit instrument à vent semblable à la cornemuse était l’élément principal des bals “ à la musette “. Pourtant aujourd’hui, la musette n’est plus jouée dans les bals, remplacée par l’accordéon. La raison ? Au début du XXème, l’animation des bals est souvent faite par les immigrés italiens. Or, l’accordéon est à l’époque un instrument peu connu en France est beaucoup plus familier aux musiciens transalpins. C’est de ce métissage surprenant que les bals “ à la musette “ deviennent des “ bals musette “, synonyme de lieux de fête populaire où l’on danse la valse, la polka ou encore la mazurka et non plus la bourrée auvergnate.
Bien que le bal musette ne soit plus à la mode du XXIème, une chanson a réussi à traverser les époques et reste présente dans le patrimoine vivant de la variété française. A tel point que Patrick Bruel en signe une reprise en 2002. Récit de bal nostalgique sur un rythme de valse musette, découvrons “ Mon amant de Saint-Jean “.
Portrait de Lucienne Delyle, Studio Harcourt, 1948, PARIS
Née en 1913 dans le 14ème arrondissement de Paris, Lucienne Delyle, de son vrai nom Lucienne Delache, n’était pas destinée à la chanson. Orpheline jeune, elle étudie pour travailler en pharmacie. C’est grâce à des concours radiophoniques qu’elle se révèle et se fait repérer par le directeur du label Polydor. Commence alors pour elle une carrière d’animatrice radiophonique en parallèle de sa carrière musicale. Avec un univers musical caractéristique des années 30, Lucienne Delyle devient rapidement, aux côtés de Piaf, une des chanteuses les plus connues et reconnues en France. C’est en 1942 qu’elle interprète son plus gros succès “ Mon amant de Saint Jean “. En pleine Occupation allemande, cette valse nostalgique, racontant avec simplicité une histoire d’amour d’un soir, passionne des auditeurs qui n’aspirent qu’à danser encore aux musettes une fois la guerre terminée.
D’abord appelée “ Les barbeaux de Saint-Jean “ en 1937, puis “ Mon costaud de Saint-Jean “ chantée par Jane Chacun, c’est sous le nom de “ Mon amant de Saint Jean “ en 1942, et interprétée par Lucienne Delyle que cette chanson française trouve son public. Ré-écrite à Saint-Jean-aux-Bois dans la campagne de Compiègne par Léon Agel, c’est cette dernière version accompagnée par la musique d’Emile Carrara, accordéoniste, qui traversera le XXème siècle. Les paroles, réalistes, font le récit d’une passion d’un soir pleine de désillusion entre une femme, qui aurait rêvé de plus, et un homme, un beau-parleur. Ce moment de vie immortalisé par la chanson cristallise toute la fragilité et la sublime banalité des instants heureux, des rencontres fortuites qui donnent lieu à des espoirs déçus.
Je ne sais pourquoi j'allais danser À Saint-Jean, aux musettes Mais il m'a suffi d'un seul baiser Pour que mon cœur soit prisonnier Comment ne pas perdre la tête Serrée par des bras…