Les musiques du diable

Parcours
Publié le 15 novembre 2022
Mis à jour le 2 février 2023

Cette vidéo s’inscrit dans le dispositif Mélomanes ! en tant que complément pédagogique. Au travers le décryptage d’esthétiques musicales qui ont fait bouger les corps, nous interrogeons la remise en question de la norme par les musiques populaires et la place du corps (notamment celui des femmes et des jeunes) dans ces musiques.

"Les musiques du diable : du rock 'n roll au twerk" par Zebrock, novembre 2022

10:42

Les musiques du diable : une vidéo "Mélomanes !"

Mélomanes ! est un projet de culture musicale invitant les lycéens et lycéennes d’Ile-de-France conduit par l’association Zebrock invitant les élèves à s’approprier de manière originale chansons et musiques du quotidien dans leurs dimensions historiques, esthétiques, sociales et culturelles.

Rencontres, ateliers, conférence chantée, numérique… Après les musiques pour changer le monde en 2021, Mélomanes ! s’intéresse au corps dans tous ses états.

SOMMAIRE :
00:00 - Introduction
00:53 - That’s all right, Mama : le rock ’n roll
02:59 - Sexy Dancing : le twerk et le flamenco
06:22 - Les princes(ses) de la ville : le hip hop et le rap
08:10 - Harder, better, faster, stronger : la techno

Crédits :

  • Conception : Zebrock

  • Narration : SINGE

  • Réalisation et montage : Lelio Brignon-Pantaleo

  • Graphisme : Marie Gaillard

  • Sources iconographiques additionnelles : Robert Johnson : ReMastered : Devil at the crossroad, Netflix, 2019 / Robert Johnson : Cross Road Blues Robert Johnson, 1936 / Fans d’Elvis: Photographe : Bob Moreland, Tampa Bay Times, 1956 - Photographe : @AP photo - University of Texas at Arlington Libraries, Special Collections / Baptist Preacher : Photographe : Robert Gray / Affiche Nouvelle Orléans – DR / Graine de violence, Richard Brooks, 1955 / Valse : Source : Valse de Vienne. Diffusion Studio 7. / Twist : Let’s Twist Again Steve and Chanzie’s California Jubilee Twist Team, Chubby Checker / Twerk : MEGATRON/ Twerk with Nass, Nicki Minaj, 2019 / Flamenco, Flamenco, Carlos Saura, 2011 / Malamente Rosalia, 2018 / Block parties vidéo : Source : The Message, Grandmaster Flash and the Furious Five, 1982 / Sounds System: Photographe : Bernard Sohiez / Untitled, Nas, 2008 / Get Rich or Die Tryin, 50 Cent, 2003 / Gazo : Photographe. Instagram / Voodoo, D’Angelo, 2000 / Ecstasy, Ohio Players, 1973/ Kiss, Prince, 1986 / Photo club: Photographe : Gobinder Jhitta / fanatic creative / Daft Punk: Photographe : David Black / Deadmau5: Photographe : leahsems. Instagram / Boris Brejcha: Photographe : Sandro Stumpf. Instagram / Techno Parade Paris 2022 : La Clameur / Donald Trump : Photographe : Chet Strange. Getty Images via AFP / Vladimir Poutine : Photographe : Mikhail KLIMENTYEV / Jair Bolsonaro : Photographe : Isac Nóbrega / Giorgia Meloni : Photographe : Antonio Masiello. AFP.

La Beatlemania, quand être fan tourne à l’hystérie

À travers l’Histoire, ils sont quelques artistes à avoir réellement déchaîné les passions et déclenché l’hystérie chez leurs fans. Au milieu du XIXème siècle déjà, Franz Liszt, pianiste virtuose hongrois, avait engendré ce que son contemporain, le poète Heinrich Heine avait appelé la Lisztomanie. Dans les années 50, les mythiques Elvis Presley, James Dean et Frank Sinatra furent à l’origine d’un engouement similaire, touchant surtout les jeunes femmes.

Mais, dans les fameuses sixties, la Beatlemania est un phénomène sans précédent.
Au début de la décennie, les Beatles sont LE groupe britannique dans le vent. D’abord, dans la région de Liverpool, puis en Angleterre avec les singles « Please Please Me » et « She Loves You », et à partir de 1964, dans le monde entier. Le quatuor supplante même les artistes américains jusque-là hégémoniques. L’engouement est extraordinaire, sans que le groupe lui-même, qui profite de l’essor de la télé, ne l’ait vu venir. Tout le monde aime les Beatles : la presse de gré, la classe politique de force. Dans cette folie, le groupe devient même un instrument diplomatique et une image bien propre du pays. Pendant quatre ans, le groupe suscite des scènes d’hystérie collective partout où il passe : hurlements, évanouissements, salles de concert bondées, merch qui s’arrache, et mouvements de foule à la moindre apparition publique. Le public de baby-boomers crie tant lors des concerts que les stars ne s’entendent même plus jouer. Il est vrai que les années 60 qui voient s’ouvrir des perspectives inédites (ne va-t-on pas dans l’espace ?) et surgir des jeunes qui réclament puis imposent “leur place au soleil” et plus de liberté, ce groupe de 4 amis, un pour tous - tous pour un, a de quoi susciter l’enthousiasme des filles comme des garçons, avec ses mélodies parfaites et souriantes.
En 1967, épuisés, les Beatles en ont assez et se réfugient en studio. Sans perdre leur succès, ils mettent fin à un culte démesuré : bye, bye Beatlemania.

En quelque sorte, la Beatlemania inaugure l’ère de la culture fan. Après elle, on recense d’autres « manias ». En France, à la fin des années 70, des fans se suicident en apprenant la mort de leur idole Claude François. Des aficionados de Johnny Hallyday vont jusqu’à se tatouer son portrait. Dans les années 2000, l’Europe entière – et le monde – succombent à la Tokio Hotel-mania : quatre garçons, stars du rock et allemands – pas anglais, cette fois-ci.

Alors, à quand la prochaine mania ?

« Anaconda » : le scandaleux succès d’une popstar

Nicki Minaj n’est pas la première ni la dernière popstar à faire scandale. En son temps, Elvis Presley choquait les foules avec son déhanché jugé bien trop suggestif par certains… Et que dire de Madonna qui mimait la masturbation sur scène en chantant « Like a Virgin » lors de sa tournée en 1994. Plus proche de nous, Lady Gaga a marqué les esprits en foulant un tapis rouge dans sa robe en viande.
En 2014, tout le monde se trémousse sur la pop sucrée de la susnommée Lady Gaga (tendre époque de l’album Artpop) ou celle de Katy Perry (« Roar »), ou bien encore celle de Taylor Swift (« Shake It Off »). C’était sans compter sur Nicki Minaj qui, avec « Anaconda », fait voler en éclats les bonnes mœurs. D’abord, elle assume son côté rappeuse. Musicalement, la chanson est catchy, construite autour d’un sample du rappeur Sir Mix-a-Lot, qui comporte notamment les fameux « Oh my God » du refrain. Mais, bien loin de son hit pop consensuel « Starships », elle pose des paroles crues, choquantes pour de chastes oreilles, alignant allusions sexuelles sur allusions sexuelles. Provocante, Minaj abuse de l’analogie entre l’impressionnant serpent et l’organe intime masculin. Dans le clip explicite, devenu culte, Minaj twerk sur fond de jungle tropicale, ses de fesses en gros plan. La popstar se déhanche, dénudée, se tient dans des poses suggestives, réalise une lap dance à Drake, qu’elle finit par laisser frustré, sur sa faim. Elle joue même avec des bananes et de la crème fouettée. Tout un programme.
Paroles érotiques, clip érotique. Tous les ingrédients sont réunis pour le buzz et le succès. En 24 heures, la vidéo atteint presque 20 millions de vues. Infiniment critiquée, conspuée pour cette sexualisation outrancière, accusée de dégrader l’image de la femme, Nicki Minaj a le mérite de son audace, mais aussi de la réappropriation de son image et de son corps. L’artiste souligne l’hypocrisie de la société, alors que le corps des femmes, dénudé, convoité par le regard masculin, est partout, notamment dans la publicité. Nicki Minaj, elle, revendique un complet contrôle de l’image de son corps. Alors finalement « Anaconda », un hit émancipateur ?

Pour continuer...

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Composé par Zebrock