Zombie

Morceau

1976

Les zombies, ennemis du peuple

The Walking Dead, The Last of Us, ou encore World War Z… Nous avons tous·tes déjà frissoné devant les zombies de la pop culture. Au-delà du monstre de cinéma, le mot zombi est issu de la culture vaudou et désigne un corps sans esprit, réduit à l’état d’esclave. Autant d’indices qui permettent de mieux comprendre le sens caché de l’un des plus célèbres morceaux de Fela Kuti.

Nigéria, années 70, les zombies dépassent la fiction. Ces personnes violentes, déshumanisées et dont le mal est contagieux, existent bel et bien : ce sont les sous-fifres en uniforme de l’armée du pays. Cette milice brutale, docile et aliénée par le pouvoir en place est bien plus terrifiante qu’un vulgaire mangeur de chair humaine de série Z.

Mais alors, que se passe-t-il au Nigéria ? A peine sortie de la guerre du Biafra et en plein boom pétrolier, la population fait face à une élite corrompue et à un exode rural qui fait s’entasser des milliers de personnes dans des banlieues. Le peuple est soumis à un dictateur protégé par des militaires surarmés.

Très tôt initié à l’activisme par sa mère, Funmilayo Ransome-Kuti, une militante nationaliste et féministe panafricaine, Fela Kuti use toute sa vie de sa musique, pour dénoncer la corruption et l’autoritarisme. C’est le cas de « Zombie », un morceau de 12 longues minutes enregistré en 1976 où, insolent à souhait, l’inventeur de l’afrobeat se moque des militaires obéissant aveuglément au président Obasanjo. Il l’interprète en 1977, en plein World Black and African Festival of Arts and Culture (FESTAC) organisé à Lagos, la capitale nigériane, au cours d’une contre-soirée boycottant ouvertement l’évènement qu’il accuse de détourner l’attention du peuple de la crise actuelle.

Déjà dans le radar de l’oppresseur depuis plusieurs années, Fela Kuti commet l’affront de trop. Malgré une censure à la radio, « Zombie » résonne dans les foyers comme dans la rue, pour devenir un hymne contestataire dans tout le pays.
Humilié, le pouvoir ordonne l’assaut de la République de Kalakuta, la maison de Fela Kuti abritant ses proches et son studio de musique. Les militaires se déchaînent sur les habitant.e.s, l’endroit est réduit en miettes. La mère du musicien sera défenestrée et mourra de ses blessures quelques mois après l’attaque. Après cette tragédie, Fela Kuti s’exile au Ghana, avant d’être expulsé par le dictateur à cause du symbole militant qu’il représente.

Une chose est sûre : Fela Kuti a su mettre le doigt là où ça fait mal. Les conséquences tragiques à la sortie de « Zombie » sont à la hauteur du rayonnement du morceau dans le monde entier. Toute sa vie, Fela Kuti fera preuve d’une détermination sans faille dans la lutte contre la violence politique, n’hésitant pas à utiliser la désobéissance civile pour nourrir la flamme de la justice.

Paroles de « Zombie »

Zombie o, zombie (zombie o, zombie) Zombie o, zombie (zombie o, zombie) Zombie no go go, unless you tell 'em to go (zombie) Zombie no go stop, unless you tell 'em to stop (zombie) Zombie no go

Par Alina Baron. Crédits photo vignette : Pochette de l’album « Zombie » © Coconut 1976

Playlist

« Zombie » par Fela Kuti & Africa 70, 1976

12:32

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