Shashmaqâm

Un maqôm (« mode » en français) est un système musical qui se décline en de nombreuses particularités. Le shashmaqâm, que l’on peut traduire par « six maqôm » est une musique traditionnelle savante originaire d’Asie centrale, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan, anciennes républiques de l’Union Soviétique. Ce style, consacré et spirituel, fait la part belle tant aux voix qu’aux instruments. Il comporte pas moins de 250 pièces, réparties en six suites, selon le mode musical utilisé. Le ou les chanteurs déroulent des mélodies caractéristiques, très ornementées, accompagnés de luths, de flûtes, de tambours (comme les doira), et d’instruments à cordes comme le violon ou le ghijak.
Le shashmaqâm est à la fois témoin et résultat de l’évolution culturelle de cette région du monde. Influencé tant par la spiritualité islamique, par les orientations politiques que par la poésie soufie, il apparaît il y a plus d’un millénaire et n’a eu de cesse de se transformer. Les premières traces historiques écrites du shashmaqâm remontent au XVIIème siècle, en Ouzbékistan, puis au Tadjikistan. C’est au musicien Ata Jalal qu’on doit son uniformisation et donc son expansion, dans la deuxième moitié du XIXème siècle. Ce style musical est également lié à la communauté juive et à ses artistes, les Boukharans, dont la diaspora a contribué à mettre en lumière ces sonorités traditionnelles. C’est grâce à l’évolution technique de la musique, de l’enregistrement à la diffusion radio, que le shashmaqâm a continué à exister, notamment à l’époque soviétique qui voyait toute forme de spiritualité d’un œil inquiet.
Sa transmission se fait rituellement de manière orale, du maître à l’élève pour préserver la spiritualité et le mysticisme. Ses interprètes, peu nombreux, se forment aujourd’hui auprès de professeurs dans la capitale ouzbèke, Tachkent. Ce joyau musical d’Asie centrale, raffiné et savant, fait désormais l’objet d’une attention particulière, notamment de la part des gouvernements locaux qui voit dans le shashmaqâm une pièce importance de l’identité de cette partie du monde. En 2008, l’UNESCO l’intègre au sein du patrimoine culturel immatériel de l’humanité… à sa juste place.

Rédaction : Aleksien Méry

Courant de l’islam prônant la simplicité, le détachement aux biens matériels et la spiritualité. Les soufis croient en un contact libre avec Dieu qui peut passer par l’amour et les arts notamment la danse ou la poésie.