La Butte rouge

Morceau

1923

« La Butte rouge » : complainte contre la grande guerre

Écrite par le chansonnier anarchisant Charles Brunswick, dit Montéhus, et composée par Georges Krier, « La Butte rouge » est un chant antimilitariste, créé peu après la Première Guerre mondiale, en 1923.

Il serait facile, du fait du titre et de la référence aux vignes, d’y voir une référence à la Butte Montmartre, théâtre de la Commune de Paris en 1871 et de la Semaine sanglante qui y mit fin. Montéhus s’en est d’ailleurs amusé dans le premier et le troisième couplets.

Mais la butte dont il est ici question, c’est une butte plus modeste, probablement dans le nord-est de la France au cœur des combats de la Première Guerre mondiale. Certains l’imaginent en Champagne, d’autres dans le Pas-de-Calais, d’autres témoignent enfin, quoi qu’il en soit, de la part d’imagination apportée par l’auteur. Peu importe, après tout : l’enjeu est de témoigner, quel que soit le champ de bataille, du martyre des soldats, « innocents » morts en masse par la faute des « bandits, qui sont cause des guerres ».

Les paroles, dures, contrastent fortement avec la mélodie, chantée en majeur, sur un rythme ternaire, et avec le premier couplet qui semble nous entrainer dans l’univers des bals populaires parisiens. Mais dès la strophe suivante, le sang versé vient mettre un terme à cette légèreté ; sang des ouvriers et des paysans, qui n’avaient pas d’intérêt personnel et financier à ce conflit, contrairement aux « bandits » bourgeois, capitalistes, nationalistes et autres généraux arrogants et insensibles.

Malgré les « cris », les « chansons » et les « étreintes » de celles et ceux qui ont oublié, malgré le caractère bucolique de la butte et la poésie des images, ce sont le sang, les larmes et les plaintes de ces malheureux, sacrifiés pour une cause qui n’était pas la leur, qui s’imposent dans cette chanson.

Montéhus est une des figures historiques de la chanson populaire qui connût un vif succès. Chantre du Paris des petites gens qu’il décrit dès les premières strophes, il restât toujours fidèle à son ancrage populaire et anti-bourgeois.

Paroles de « La Butte rouge »

Sur cette butte-là, y avait pas d'gigolette Pas de marlous ni de beaux muscadins Ah, c'était loin du moulin d'la galette, Et de Paname qu'est le roi des pat'lins Ce qu'elle en a bu, du beau

Par Marion Roche. Crédits photo vignette : Couverture de « Pinard de Guerre » de Philippe Pelaez et Francis Porcel (Éditions Bamboo, 2021)

Playlist

« La Butte rouge » par Leny Escudero, 1997

2:57

« La Butte rouge » par Motivés, 2017

3:44

« La Butte rouge » par Yves Montand, 1955

3:47

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