Guembri

Le guembri est un instrument de la famille des cordes pincées. On en joue principalement en Afrique du Nord, au Maroc, en Algérie, en Tunisie, mais aussi au Mali. Il descend directement du n’goni, guitare traditionnelle malienne.

Le guembri ressemble à une guitare : un manche, une caisse de résonance taillée d’un seul bloc, une table de résonance en peau de dromadaire tendue, et trois cordes en boyau ou en fil de pêche, rattachées à des chevilles. Il existe des dérivés du guembri : le sintir, plus gros et qui ne possède qu’une corde mélodique, le guember marocain et ses deux cordes en crin de cheval qui se compose d’une caisse en carapace de tortue.

Si les Berbères et les Touaregs ne le boudent pas, le guembri est un instrument cher aux Gnaouas, descendants d’esclaves originaires de Guinée et déportés au Maghreb. Les Gnaouas forment une communauté caractérisée par son mysticisme et sa pratique de la transe. C’est généralement dans ces rituel qu’est joué le guembri, dans la musique diwane algérienne ou le stambali tunisien. Dans les deux cas, le guembri, associé à des chants et des danses, accompagne des rituels thérapeutiques et des rites de possession, durant lesquels des participants incarnent des entités surnaturelles afin de conjurer le mauvais œil. Ces rites concilient pratiques musulmanes et croyances d’Afrique subsaharienne. Accompagné de castagnettes métalliques (qraqeb) et de tambours, le guembri guide la transe des participants.

Cet instrument traditionnel à l’histoire et à la symbolique riches a acquis une notoriété mondiale lorsque les Occidentaux le manipulèrent à leur tour. En 2015, la superstar du jazz, le bassiste Marcus Miller en utilise une version sonorisée sur scène. Un joli exemple de métissage musical.