Cuatro

Souvent comparé au ukulélé et à la guitare, le cuatro est un instrument singulier de la musique folklorique de nombreux pays d’Amérique centrale. Le cuatro - « quatre » en espagnol » - est à l’origine un instrument à quatre cordes qui se joue en grattant ou écrasant les cordes selon le genre musical joué. On le retrouve dans les musiques traditionnelles du Venezuela, de la Colombie, du Mexique et de Puerto Rico. Le cuatro connait plusieurs versions et transformations selon les pays et les époques, se voyant ajouter une cinquième, sixième corde voire parfois 10 cordes groupées.

Le cuatro est introduit par les conquistadors espagnols et portugais sur les territoires d’Amérique centrale entre le XVème et XVIème siècle. C’est alors une petite guitare de la Renaissance ibérique que les populations indigènes et les esclaves se réapproprient à partir de leur propre culture musicale. Facile à fabriquer, le cuatro est sculpté dans un seul bloc de bois. Ses cordes sont faites de boyaux d’animaux qui seront remplacés plus tard par du fil de pêche ou du nylon. Son accordage suit une disposition singulière. Les sons graves sont produits par les cordes du milieu et non par les dernières comme l’on peut voir sur une guitare, ce qui lui donne une sonorité particulière et une technique de jeu unique.

La cuatro devient l’instrument clé des rituels, des fêtes religieuses et des cérémonies communautaires. Au Venezuela, il s’impose comme instrument national, omniprésent dans les genres folkloriques tels que le jaropo (danse de couple nationale) ou encore la tonada (chant de travaux dans les champs). Il accompagne aussi bien le chant que la danse, se joue en solo ou dans des ensembles typiques aux côtés de la harpe llanera et des maracas. Sa pratique est encore transmise aux enfants vénézuéliens, colombiens et portoricains, se faisant du cuatro un symbole d’identité culturelle.

Il séduit également au-delà de ses terres d’origine grâce à des musiciens virtuoses. Penchez-vous sur la musique de Fredy Reyna, pionnier du cuatro solo, de Cheo Hurtado, reconnu pour sa virtuosité et ses arrangements modernes, ou encore de Carlos Capacho qui a intégré le cuatro dans des univers de jazz contemporain.