Asimbonanga

En écrivant cette chanson dédiée à Nelson Mandela, Johnny Clegg a fait retentir la lutte anti-apartheid dans le monde entier. Un geste sincère, fort et courageux lorsque l’on sait qu’en 1987, date de sortie de l’album Third World Child (« Enfant du Tiers-Monde » en français), l’Afrique du Sud a mis en place la terrible politique de l’apartheid depuis presque 40 ans. Que signifie « asimbonanga » ? « Nous ne l’avons pas vu » en langue zouloue. Ici, Johnny Clegg parle de Nelson Mandela, activiste noir, considéré comme terroriste par le gouvernement raciste sud africain, et emprisonné depuis 24 ans dans la tristement célèbre prison de Robben Island. À l’époque, peu de Sud Africains, Johnny Clegg compris, ne sait vraiment à quoi ressemble Nelson Mandela, personne ne l’a vraiment vu. Pour cause : le gouvernement interdit de mentionner son nom, de parler de lui. Montrer un portrait ou une photo de Mandela est illégal. En choisissant de faire directement référence à Nelson Mandela dans « Asimbonanga », Johnny Clegg prend des risques. D’autant plus qu’il le chante accompagné de son empreinte musicale si particulière : le mélange entre chants et rythmiques du peuple zoulou, implantés en Afrique du Sud depuis des siècles et l’anglais, les sonorités très particulières au rock des années 1980. « Asimbonanga » devient un tube mondialisé, hymne mondial anti-raciste et anti-apartheid, symbole d’une culture musicale métissée en Afrique Sud. L’album Third World Child, porté par Johnny Clegg et son groupe Savuka, composé de musiciens blancs et noirs, est un raz-de-marée avec plus de 1,5 millions d’exemplaires vendus. Un record inouï pour l’époque et pour les artistes sud africains soumis à la censure de leur gouvernement mais soutenus par un puissant mouvement de boycott* des pays anti-apartheid et de leur jeunesse !