Artiste
Riom, France
Né Alan Cochevelou à Riom, puis élevé dans le 20ème arrondissement de Paris, celui qui prendra pour nom de scène Stivell — en breton “la source jaillissante” — va incarner le renouveau de la musique bretonne et jouer un rôle majeur dans le courant international du folk celtique. En 1953, son père, Jord, recrée en s’inspirant de gravures anciennes la petite harpe que jouaient autrefois les bardes irlandais et bretons. Bannie d’Irlande par les Anglais au XVIe siècle, l’instrument avait disparu.
À 9 ans, Alan découvre sa raison de vivre dans ce nouveau modèle de harpe celtique, dont il joue pour la première fois en public à la Maison de la Bretagne à Paris. Formé par Denise Mégevand, élève de Lily Laskine, il foule pour la première fois les planches de l’Olympia en 1957, à l’occasion d’un Musicorama consacré à Line Renaud. À 15 ans, il enregistre son premier 45 tours de harpe celtique, à 20 ans son premier 33 tours. Entretemps, il apprend la bombarde et le biniou bras, puis la cornemuse écossaise au College of Pipping de Glasgow.
Devenu directeur musical du Bagad Bleimor, l’ensemble traditionnel des Bretons de Paris, il est couronné Champion de Bretagne à sa tête, ainsi que comme sonneur en couple (biniou / bombarde) en 1966, 1968 et 1969. Étudiant à Censier en faculté d’anglais, il entreprend à Rennes un certificat de langues celtiques et fréquente le fameux “hootnanny” du Centre américain du boulevard Raspail, animé par Lionel Rocheman. Après son premier passage dans une émission de radio France en 1967, il signe un premier contrat de disque sous son nom, qu’il change dès son second disque.
Dès cette époque, Alan Stivell a l’idée d’une musique nouvelle, en phase avec son temps. Sa mise en forme prendra près de trois ans, pour éclater dans l’album Reflets (Fontana, 1970). Alan Stivell a été subjugué par la révolution pop des Beatles. Il sera le premier à introduire la batterie, la basse et la guitare électriques dans la musique traditionnelle bretonne. L’univers d’évasion qu’il ouvre alors va séduire à la fois les amateurs de folk et la génération psychédélique. En 1972, l’album Renaissance de la harpe celtique, uniquement instrumental, sonne comme un véritable manifeste.
Le concert à Olympia du 28 février 1972 est une surprise complète. Dans la salle bondée du music-hall parisien flottent des drapeaux bretons. Les spectateurs, avides, boivent les mots remplis de l’âme de la Bretagne. Diffusé sur Europe n°1, ce concert Musicorama produit une génération spontanée de jeunes groupes de musique bretonne dans tous les coins de France. Alan et ses musiciens — Dan Ar Braz à la guitare électrique, Gabriel Yacoub à la guitare et au chant, René Werneer au violon, Gérard Levasseur à la basse, Michel Santangeli à la batterie — sont accueillis en stars. En quelques mois, Stivell devient le héro d’une jeunesse soucieuse de préserver la diversité de la nature et des identités culturelles.
À 30 ans, Stivell, le triskell en sautoir et le breton aux lèvres, draine 40 000 spectateurs au Palais des Sports de la Porte de Versailles à Paris et se produit à Londres au Queen Elisabeth Hall, comme à Dublin ou en tournée à travers les États-Unis. L’album Stivell à l’Olympia (1972) sera vendu à plus d’un million et demi d’exemplaires de par le monde et figurera sur la liste des “500 meilleurs albums de tous les temps”, publiée en 1983 par le magazine américain Rolling Stone.
Le 16 février 2012 à l’Olympia, Alan Stivell fête le quarantième anniversaire du concert historique qui propulsa sa carrière vers les sommets nationaux et internationaux. Albums et tournées à succès se multiplient jusqu’en 1980, année du “grand œuvre” d’Alan Stivell, qui compose sa Symphonie celtique, interprétée par 75 exécutants, incluant la kéna des Andes (Una Ramos), le chant berbère (Djurdjura) et le sitar indien (Narendra Bataju). Mais la vague bretonne reflue au cours des années 80. Alan Stivell enregistre des disques plus modestes, s’intéresse au courant new-age et conçoit ses premières harpes électriques.
L’avènement de la world music marque un retour de flamme pour les musiques celtiques. En 1993, l’album Again relance la carrière d’Alan Stivell. Kate Bush lui prête sa voix, Davy Spillane son jeu de uilleann pipes, Shane McGowan sa folie, Laurent Voulzy ses îles et Yan-Fañch Kemener un beau retour au cœur de la Bretagne. Le succès est au rendez-vous et se confirme avec Brian Boru, produit par Martin Messonnier en 1995. L’ouverture de Stivell aux métissages musicaux se confirme sur l’album 1 Douar (1999), sur lequel il invite Youssou N’Dour, la voix d’or de l’Afrique de l’Ouest, Khaled, le héro du pop raï, ainsi que l’Irlandais Paddy Moloney des Chieftains, et le chanteur des Simple Minds, Jim Kerr.
Alan Stivell poursuit sa route créative dans le nouveau millénaire, apportant une saveur particulière à chaque nouvel album. En 2011, Nolwenn Leroy lui rend un hommage appuyé avec la reprise de son tube “Tri Martolod” sur les mêmes arrangements voire jusqu’aux mêmes intonations. Cet hymne du folk rock n’a pas pris une ride et Alan Stivell est heureux d’accompagner cette troisième vague de la musique bretonne. Lui qui a inscrit le renouveau de la musique celtique dans le marché global, en figure aujourd’hui parmi les grands classiques.
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