Chansons Majeures

Parcours
Mis à jour le 16 avril 2019

IV.
Jean Ferrat - Nuit et brouillard (1963)

Jean Ferrat, sentimental et critique

Disparu en 2010, Jean Ferrat est une des plus grandes voix de la chanson. Pétries avec grandeur dans la simplicité de la vie quotidienne, ses chansons ont touché des millions de français autant que son éloquence et son timbre de voix remarquable, aux émotions authentiques. Il fût un des plus grands poètes de la musique francophone et un artiste immensément populaire. Ses thèmes de prédilection puisent autant dans le registre de la poésie et du sentimentalisme, que dans celui de la critique sociale et politique de son temps. Il fût un interprète inspiré des poèmes de Louis Aragon. Jean Ferrat affirmait des convictions humanistes et progressistes, proches des idées communistes.

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Jean Ferrat

Jean Ferrat - Nuit et brouillard

3:14

Paroles de "Nuit et brouillard"

Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants Ils étaient des milliers, ils étaient vingt

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La pochette de Nuit et brouillard

La musique de "Nuit et brouillard"

Le roulement de tambour s’impose à notre attention dès le début du morceau : « écoute bien ce qui suit » semble-t-il nous dire. Lent et majestueux, le morceau s’avance dans une progression d’un lyrisme particulièrement soutenu. Cordes et percussions produisent une tension que la voix profonde de Ferrat vient exacerber. La musique se veut minimaliste et sobre. Le tambour, la guitare sèche et les instruments à vent s’effacent au profit du message qui interroge la responsabilité de l’artiste devant le devoir de mémoire.

"Nuit et brouillard" dans le texte

Écrite en hommage aux déportés de la Seconde Guerre mondiale, victimes de la barbarie nazie, la chanson porte ce titre en référence au décret « Nacht und Nebel » (Nuit et brouillard), promulgué par les autorités nazies avec la complicité en France du gouvernement de collaboration du Maréchal Pétain. Il s’agissait d’organiser la déportation massive de populations dites “inférieures” des pays occupés (notamment juives mais aussi tsiganes et slaves) vers les camps de la mort. Le tambour, solennel, ouvre la chanson. D’une voix émue, Ferrat invoque les disparus et leur terrible destin. C’est une des rares chansons consacrées à cette page douloureuse de notre histoire, que Ferrat, qui a lui-même connu la déportation de son père, impose courageusement à l’époque, en dépit de la vague yéyé et insouciante qui parcourait la France et ses radios. Chanson très impressionnante, elle fait écho au film du même nom réalisé par Alain Resnais en 1955.

Le contexte de "Nuit et brouillard"

La guerre est finie en Algérie: il faut panser les plaies et loger les rapatriés venus vivre en France. Les barres HLM sortent de terre. A Saint-Denis, Noisy-le-Grand, Nanterre et La Courneuve, les immigrés d’Algérie ou du Portugal peuplent les bidonvilles. Mais il y a du travail, donc de l’espoir. Les jeunes ont envie de vivre. Certains leur reprocheront d’être insouciants, ce qui est faux. Ils veulent simplement vivre autrement, avec plus de liberté. En Afrique du Sud, un inconnu nommé Nelson Mandela, soi-disant « terroriste », en est privé, emprisonné à vie avec ses camarades, tandis qu’à Washington une marée humaine la revendique avec Martin Luther King.

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