Au-delà de La Marseillaise...les hymnes

Parcours
Publié le 23 novembre 2020
Mis à jour le 11 janvier 2022

V.
L'hymne de la victoire

"We Are The Champions", Queen, 1977

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Le groupe Queen en concert à Houston en 1977, via Queenpoland.

Qui sont Queen ?

Reconnu comme un des meilleurs groupes de rock de tous les temps, Queen est formé à Londres en 1970 et se compose de Freddie Mercury, Brian May, Roger Taylor et John Deacon. Le quatuor enregistre son premier album en 1971 et en publiera 13 autres jusqu’à la mort de Freddie Mercury en 1991. Dès son deuxième disque, Queen explore librement divers registres musicaux, annonçant le hit Bohemian Rhapsody qui mêlera opéra et hard rock ou encore le titre « Somebody To Love » aux sonorités gospel ! Queen connaitra un succès immense et remplira des stades entiers comme celui de Wembley en 1985 pour le Live Aid, concert rassemblant les plus grandes stars de la musique pour lever des fonds visant à financer la recherche contre le SIDA.

En 2018 sort le film Bohemian Rhapsody dans lequel Rami Malek incarne le leader du groupe pour un “biopic” musical !

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Le groupe de punk rock des Sex Pistols en concert à Amsterdam en 1977, par Koen Suyk.

Du « Flower Power » vers le « No Future »

Malgré le message d’espoir de John Lennon, les années 70 connaitront d’importantes ruptures. Avec la montée du chômage, de la crise industrielle et économique, les idéaux pacifistes célébrés à Woodstock en 1969 se fanent, l’avenir s’obscurcit. En musique, cela se traduit par l’apparition de groupes radicaux et transgressifs : le punk avec son slogan nihiliste « no future » (pas de futur) repris des Sex Pistols, le heavy metal, le hard rock puis le hip-hop dans le quartier du Bronx de New-York. Signe des temps, le succès du disco nous dit que dorénavant on s’éclate en solo, pour oublier. C’est le moment de bascule d’un monde qui perd confiance en son avenir et qui a envie de vivre des moments forts, en musique.

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L’album News of the World de Queen sorti en 1977 chez EMI.

Qu’est-ce que "We are the champions" ?

Ecrite en 1977 par Freddie Mercury, « We Are The Champions » est le premier morceau de l’album News of the World, dans lequel s’inscrit aussi le tube « We Will Rock You ». Inspiré par le football, le chanteur voulait une chanson qui rassemble les supporters. Mercury commence seul, accompagné par son piano, avant d’être rejoint par le reste du groupe dans une entrée théâtrale. Nous entendons les chœurs à profusion - signature de Queen - puis l’arrivée de la batterie et des guitares dans un crescendo fracassant, progressant vers le refrain. Cette instrumentation grandiloquente marque le succès de la chanson, qui fait un carton à sa sortie. Elle devient l’hymne officiel de la Coupe du monde de football de 1994. Elle est aujourd’hui reprise comme l’hymne de la victoire pour les événements sportifs !

We Are The Champions, Queen

3:11

I've done my sentence but committed no crime(J’ai purgé ma peine, sans avoir commis aucun crime) Certains critiques interprètent cette chanson comme un hymne militant pour le mouvement gay.

Paroles de "We Are The Champions"

I've paid my dues Time after time I've done my sentence But committed no crime And bad mistakes I've made a few I've had my share of sand Kicked in my face But I've come through And we mean

« Respect » en quelques mots

Otis Redding, immense chanteur américain de musique soul et de rhythm and blues, écrit « Respect » en 1961 : une chanson machiste dans laquelle il demande à sa femme de “respecter” son autorité de mari. En France, Johnny Hallyday, avec Du Respect en propose une interprétation fidèle en 1966 !

Mais en 1967, Aretha Franklin remanie la chanson et en fait son tube planétaire : la femme revendique d’être respectée par son mari, le menaçant même de partir s’il n’est pas à la hauteur. Elle ajoute même un quatrième couplet cinglant où elle épelle le mot « respect » qui prend un tout autre sens que dans sa version d’origine. Une revendication qui conjugue celles de son temps : la lutte pour les droits civiques et celle pour les droits des femmes !
L’introduction invite à la danse, rythmée par un jeu de questions-réponses des trompettes et une batterie entraînante. La diva de la soul prend ensuite place, son chant ponctué par les répliques d’un chœur féminin, une formation typique du rhythm and blues qui nous rappelle le gospel. Un morceau qui impose le respect et qui donne aussi envie de danser !

A la mort de la chanteuse en 2018, le Royal Philharmonic Orchestra de Londres enregistre le tube en guise d’hommage, avec les voix d’origine. Que dit-on à une chanteuse qui est parvenue à inverser le sens d’origine d’une chanson pour en faire un tube planétaire ? Respect.

"La chanson des NSA", Zebrock Au Bahut avec la classe d'UPE2A du Collège Gabriel Péri à Aubervilliers

2:37

« Lift Every Voice and Sing » en quelques mots

Un air de gospel qui vous va droit au cœur, « Lift Every Voice and Sing » conjugue la force d’un hymne et la sobriété des comptines de notre enfance ! Surnommé par ailleurs le Black Anthem (« hymne national noir »), c’est un chant puissant d’espoir et d’unité écrit sur fond de ségrégation raciale aux Etats-Unis. Ce même hymne chanté par Beyoncé à Coachella en 2018 a déjà plus d’un siècle et il est l’œuvre d’un directeur d’une petite école de Jacksonville, en Floride. James Weldon Johnson a écrit ce poème déchirant et solennel au titre évocateur pour célébrer l’anniversaire d’Abraham Lincoln… Sans se douter qu’il ferait rapidement le tour des écoles et traverserait les décennies ! Grâce à la plume de James Weldon Johnson et les talents de composition de son frère, ce texte poignant est devenu un cantique religieux entonné dans les églises du Sud des Etats-Unis. La NAACP* l’a par ailleurs désigné officiellement en 1919 comme « l’Hymne National Noir », marquant ce texte comme décisif dans la lutte des droits civiques des afro-américains.

Si ce chant célèbre Dieu, il célèbre aussi avant tout la résilience des Noirs à aspirer à un avenir meilleur et se rappeler du chemin parcouru : élever la voix comme on élève le poing et chanter en chœur pour mieux se battre, ensemble, contre la ségrégation. En 2020, ce chant est devenu une réponse aux bavures policières, un cri de colère et de ralliement en plein mouvement Black Lives Matter. Une prière et un cri du cœur, entonné par 120 000 personnes lors du concert de Wattstax ! « Lift Every Voice and Sing » est comme une sonnette d’alarme venue de loin qui nous rappelle que la lutte des droits n’est jamais achevée et qu’à ce titre, le sentiment de communauté sera « notre seule arme ».

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