Portes-voix d’une afrique sub-saharienne moderne, créative et politique
KOKOKO! s’est formé au cours d’un tournage documentant la scène contemporaine du Kinshasa underground, réalisé par Renaud Barré et produit par la Belle Kinoise, boite de production locale. La captation des images et sessions d’enregistrement effectuées en juillet 2016 a abouti en trois objets : un documentaire, « le Système K », la bande originale du film, et une création live réunissant les musiciens du film (KOKOKO!). Le groupe est composé de Makara, Dido, Boms, Bovic et Débruit, producteur de musique électronique français installé au Kinshasa. Le premier, Makara, est un performeur. Avec un chorégraphe il joue parfois 5 fois par semaines dans son fief, le club le Couloir de Bercy, et anime la soirée sur des boucles électro transe toute la nuit. Dido, Bom’s et Bovic sont des musiciens et créateurs de leurs propres instruments ! Grâce à des matériels de récupération, ces luthiers nouvelle génération fabriquent des instruments uniques produisant des sons qui n’ont jamais été entendus auparavant.
Kinshasa est la capitale de la République démocratique du Congo (RDC), immense pays d’Afrique centrale. C’est la troisième ville la plus peuplée d’Afrique. Cette mégapole est minée par la pauvreté, dans un pays extrêmement riche en minerais, mais qui est encore ravagé par une guerre civile et une corruption omniprésente. Le pays est également sous la coupe des multinationales qui exploitent allègrement les métaux stratégiques comme le cobalt, le coltan, le cuivre, le manganèse, sans compter l’or et les diamants.
Dans ce contexte paradoxal et très dur pour les habitants, l’art est en première ligne. Autrefois capitale musicale du continent, le scène underground kinoise (de Kinshasa) regorge d’artistes, performeurs, musiciens, street-artistes. Ils piochent dans les matériaux à leur disposition (dans les déchèteries par exemple) et selon le principe du « do it yourself » ou DIY, réinventent un nouvel usage, cette fois-ci artistique, à des objets déchus.
« We are KOKOKO » est une vidéo de présentation du groupe, réalisée par le cinéaste du documentaire « Système K ». KOKOKO! Ou Toctoctoc en français, brise tous les codes musicaux pour offrir une musique en réaction à la prédominance de la rumba et des autres registres musicaux traditionnels en République Démocratique du Congo comme le Coupé-Décalé ou le Ndombolo, dérivé du Soukous. Avec des instruments électroniques construits de toutes pièces, des combinaisons jaunes et une énergie puissante, KOKOKO! s’invente un univers sonore inédit. « On ne rentre dans aucune case de la musique actuelle. Quand on joue, on joue sur des bidons, du bois, du fer, donc les sons proposés sont totalement nouveaux »
Le chanteur Makara nomme cette musique « techno kintueni », « zagué » ou d’autres noms en lingala. En fait, c’est de l’expérimentation constante, de la musique concrète, sans étiquette. « C’est le son de la ville qui nous inspire, on entend Kinshasa plus qu’on ne la voit »