Un glossaire du... reggae

Parcours
Publié le 5 juillet 2021
Mis à jour le 28 août 2023

VI.
La grande famille du reggae

Le reggae, lui-même issu du ska, du calypso et du rocksteady, a muté ou plutôt, a grandi comme un arbre qui déploie ses branches. Des branches qui poussent au gré des pays, des cultures, des époques et des instruments…

Dancehall :

Ce qui signifie d’abord « piste de danse » en anglais est devenu un style musical à part entière au fur et à mesure que la notoriété du reggae grandissait. Avec le dancehall, le rythme et la danse accélèrent le beat ondulant du reggae d’origine. Les mouvements qui l’accompagnent sont un savant mélange de danses africaines, de hip-hop et de nouveaux pas qui enflamment la piste encore aujourd’hui.

« Allez leur dire », Tonton David, 1994. Pionnier du dancehall en France, Tonton David a mis le reggae français au goût du jour dès la fin des années 1980. Il ouvre la voie à toute une génération de musiciens français comme Nuttea ou Admiral T.

2:46

Dub :

À l’origine, c’est le reggae sans le chant. Le dub devient par la suite un courant du reggae qui fait la part belle au travail sur le son et au remix. Ici, la voix s’efface pour laisser la place à l’instrumentation et à ses effets (réverb, écho). Le tempo ralentit, le temps et l’espace s’étirent presque à l’infini pour une écoute sans limite

« Rebels Gathering » de Mad Professor, 2014. Un exemple de dub reggae mixé par un des disciples du légendaire Lee « Scratch » Perry.

3:33

Le reggaeton en quelques mots

Pour retracer l’origine du reggaeton qui est apparu dans les années 1990 dans les Caraïbes espagnoles, il faut se rendre au Panama, à Porto Rico et à Cuba. La Jamaïque entretient des liens avec ces îles depuis un siècle. Beaucoup de Jamaïcains, par exemple, ont été envoyés au Panama pour construire le fameux canal entre 1882 et 1914… D’abord reggae chanté en espagnol, il se métisse avec le dancehall, le hip hop et les musiques latines comme la salsa pour devenir une musique de mauvais garçons, toujours, puis prend dans l’ampleur dans toute l’Amérique latine avant de se diffuser dans le monde entier au début des années 2000 avec des tubes « de l’été ». Des morceaux comme « Gasolina » ou « Papi Chulo » ont ainsi profité de la vague de mode latino de ces années-là… Ses mouvements de danse très connotés sexuellement, ses paroles souvent considérées comme vulgaires et son rythme sensuel, récurrent, en font un style musical sulfureux.

« Tu Pum Pum » de El General, 1989. Le panaméen Edgardo Franco dit El General, produit par le vétéran Michael Ellis, est souvent cité comme l’inventeur du reggaeton.

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Ska :

Si No Doubt ou Madness sont peut-être les groupes qui nous viennent le plus aisément à l’esprit lorsque l’on pense ska, nous oublions vite que cet hybride du rhythm and blues et du jazz est lui aussi né en Jamaïque à la toute fin des années 1950. Caractérisé par son contretemps et l’utilisation de cuivres, il opère une révolution en débarquant au Royaume-Uni dans les années 1970 où le punk rock le rend plus turbulent.

« Life Won’t Wait » de Rancid, 1998. Ce groupe de punk rock américain, très actif dans les années 1990, fait partie des dignes représentants du ska.

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"Africa" par Gravitti Band, 2016

3:16

"Conscious Positive" par Gravitti Band, 2018

"Elephants - Hands Off" par Gravitti Band, 2018

"Perfect Plan" par Granmah, 2019

4:53

« Java » par Augustus Pablo, 1971

6:04

"No More Lamentation" par Mary May avec Naâman, 2016

4:53

Bob Marley, Tout est vrai (ou presque), Arte, 2016

3:11

Qui est Jocelyne Béroard ?

Née en 1954 à Fort-de-France en Martinique, Jocelyne Béroard est une artiste généreuse, humaniste et sincère de dimension internationale qui a su faire entendre la beauté de son créole natal au public du monde entier. Celle qui deviendra la chanteuse emblématique de Kassav’ et la grande marraine du zouk a commencé sa carrière comme choriste dans les années 1970.
Fille de dentiste, Jocelyne Béroard part, à 20 ans, faire des études de pharmacie à Caen, en Normandie. La musique prendra peu à peu le pas sur la voie toute tracée qui se présentait devant elle. La jeune femme chante dans les clubs et les piano-bars les musiques qui lui plaisent et qui l’influencent, du biguine (musique traditionnelle des Antilles) au jazz et à la bossa nova. Jocelyne Béroard partage ce qui la touche, sans frontière ni limite.
C’est en 1980, au retour d’un voyage en Jamaïque où elle travaille avec le sorcier du dub Lee « Scratch » Perry, qu’elle fera la rencontre des frères Décimus et de Jacob Desvarieux qui viennent de créer le groupe Kassav’. Elle les rejoindra trois ans plus tard, après avoir accompagné Bernard Lavilliers dans une tournée mondiale et collaboré avec Manu Dibango. Cette fondue de Célia Cruz apportera au son du groupe ses influences musicales chatoyantes.
Jocelyne Béroard publie, Siwo, son premier album solo en 1986 qu’elle écrit et qu’elle chante entièrement en créole. C’est un immense succès populaire dans les îles, fait rare lorsqu’une femme est aux manettes et n’hésite pas à défendre un point de vue franc sur les conditions de vie des Antillaises. L’impact de la sortie de Siwo lui ouvrira les portes de la variété en métropole, conquise par la reprise de son titre « Kolé Séré » avec Philippe Lavil l’année suivante.
Parallèlement à Kassav’, Jocelyne Béroard poursuit une brillante carrière solo et s’entoure avec goût, tout en ayant à cœur de chanter pour rendre le quotidien plus supportable.
Jocelyne Béroard assume : elle n’a pas la prétention de changer le monde mais seulement de l’améliorer et de créer des traits d’union entre les cultures et les générations. C’est ce qui fait d’elle une artiste unique et précieuse.

Island Records en quelques mots

Fondé par Chris Blackwell en 1959 à Kingston en Jamaïque, Island Records est devenu au fil des décennies un des labels indépendants les plus influents et a participé au succès d’artistes incontournables, de Bob Marley à U2, de Grace Jones à Amy Winehouse.
A 21 ans, Blackwell, un des héritiers de l’empire agro-alimentaire Crosse et Blackwell, enregistre des morceaux d’artistes de son île. A cette époque, la Jamaïque voit naître le ska, un nouveau genre musical porté par des artistes comme Laurel Aitken ou Owen Gray. Les disques d’Island Records rencontrent un succès local mais la féroce compétition menée avec les autres labels jamaïcains pousse le jeune producteur à déménager en Angleterre en 1962. Il y retrouve la diaspora jamaïcaine et afro-caribéenne avide d’écouter les musiques de leurs îles.
En 1964 Millie Small et “My Boy Lollipop”, une reprise ska, sera le premier hit du label à faire le tour du monde. Désormais, Island Records s’intéresse à la scène rock anglaise et élargit son catalogue à des artistes comme Spencer Davis Group, Cat Stevens ou King Crimson. Au début des années 70, Island Records est un des plus gros labels indépendants du Royaume-Uni et se distingue par sa liberté de ton et le temps qu’il laisse à ses artistes pour mûrir et créer.
A l’époque, le reggae né en Jamaïque commence à faire parler de lui. Island Records, toujours au diapason des nouveautés musicales de son pays natal, travaille d’abord avec Jimmy Cliff, puis découvre et signe un artiste qui restera sûrement la superstar du label : Bob Marley et son groupe The Wailers. Chris Blackwell s’occupe personnellement de la production de leur premier album sur le label, Catch A Fire, et réussit à introduire des éléments rock au reggae du groupe, comme des solos de guitare, pour séduire le public occidental. Et ça marche. Avec Bob Marley, Island Records signe d’autres grands noms du reggae comme Toots and The Maytals, Third World ou Black Uhuru.
Un autre exemple du flair d’Island ? En 1980, un groupe irlandais n’a pas la côte, mais le label tente un coup de poker. Il s’agit de U2. Avec un premier succès au bout du troisième album, War, il faudra attendre le cinquième opus, The Joshua Tree, en 1987 pour que le groupe atteigne une envergure internationale et fasse l’unanimité auprès du public et des critiques.
Fin des années 80, le label devient une machine trop imposante pour Chris Blackwell qui décide de vendre Island Records à la major PolyGram. Le fondateur historique quitte définitivement le navire en 1997.
Label pionnier, Island Records a construit un catalogue d’artistes vaste, éclectique et toujours pertinent en soixante ans d’existence. Il a joué un rôle essentiel dans la diffusion du ska et du reggae, dans l’émergence de musiciens iconiques, et a rendu mondialement célèbre une petite île, la Jamaïque.

Qui est Chris Blackwell ?

Amoureux de la musique de son île, la Jamaïque, Chris Blackwell est le fondateur de Island Records, le label qui popularisera le reggae dans le monde entier et fera de Bob Marley une star absolue.
Né à Londres en 1937, d’un père irlandais et d’une mère costaricaine, le futur producteur grandit en Jamaïque, étudie en Angleterre, avant de finalement retourner sur son île des Caraïbes après ses 17 ans. Après avoir enchaîné les petits boulots, Chris Blackwell décide de fonder son label avec un peu d’argent emprunté à ses parents. Le Jamaïcain blanc édite un premier album en 1959 : At the Half Moon Hotel de Lance Haywood, un pianiste jazz des Bermudes. Alors que le ska fait son apparition fracassante dans les rues de Kingston, ce fin limier se plonge dans la production de cette nouvelle esthétique en travaillant avec des artistes comme Laurel Aitken ou Owen Gray.
Chris Blackwell rentre en Angleterre en 1962 pour continuer à développer Island Records qui élargit son catalogue à des artistes de la scène rock anglaise du moment. Son flair le rend incontournable dans le milieu. Il est réputé pour sentir le potentiel des artistes qu’il découvre et leur laisser tout le temps et toute la liberté nécessaire pour créer.
Pendant plus de 30 ans à la tête du label, Chris Blackwell découvre et produit des artistes qui marqueront l’histoire de la musique. Il fait de Bob Marley une icône planétaire et un ambassadeur du reggae dans le monde, parie sur les Irlandais de U2 alors que le groupe peine à trouver un label ou participe à la transition du mannequinat à la musique de Grace Jones. En 1989, il vend son label puis le quitte définitivement huit ans plus tard.
Chris Blackwell a, depuis, pris ses distances avec le milieu de la musique. Propriétaire d’un groupe d’hôtels de luxe en Jamaïque, il a aussi lancé sa propre marque de rhum, le Blackwell Black Gold, il a quelques années. Une retraite dorée pour cet artisan infatigable !

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