La paresse (en)chantée

Parcours
Publié le 21 juillet 2020
Mis à jour le 6 juillet 2021

La paresse est un péché. Elle doit être vigoureusement combattue car elle pousse à l’inactivité et encourage tous les vices qui l’accompagnent, notamment délaisser le travail et faire la grasse matinée. Religieux, militaires ou coaches de vie à la mode, tous fustigent ce comportement. Le paresseux manque d’ambition, il est souvent gras, lâche, bête et inutile. Pourtant, la flemme compte un bon nombre de défenseurs. Philosophes, artistes… défendent le droit à la paresse. Mélo vous propose de vous poser un peu et de prendre le temps d’y réfléchir en chanson.

I.
La complainte du travailleur

« Travailler c’est trop dur » par Zachary Richard, 1977

Popularisée en France grâce à la reprise de Julien Clerc, cette chanson aux racines anciennes et passionnantes a été victime de son titre un peu trop évocateur…

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Zachary Richard dans les années 1970-1980

Qui est Zachary Richard ?

Né en 1950 en Louisiane aux Etats-Unis, Zachary Richard est un musicien cajun, un vrai. Son ancêtre, Michel Richard a quitté le port de La Rochelle en 1654 pour venir s’installer dans cette vieille province alors française des colonies américaines. Zachary Richard a toujours défendu sa culture cadienne. Francophone militant, il choisit d’écrire et de chanter en français dans une Amérique des années 1970 ne jurant que par le rock. Conteur et poète, Zachary Richard aime déterrer les traditions enfouies, ressusciter le dialecte cadien qui n’est plus parlé que par les anciens. Il fait carrière au Québec, qui l’accueille à bras ouverts. La France est plus timide, car elle préfère la variété à son folk américain en français. Avec plus de vingt albums à son actif, Zachary Richard continue de naviguer dans les eaux bouillonnantes de la culture du bayou, sa terre natale.

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Orchestre cadien au début du XXème siècle

Contexte : Culture cajun, chanson cadienne

A l’époque où Zachary Richard est au sommet de son art, la langue française se perd en Louisiane tout comme les traditions qui étaient surtout transmises à l’oral de génération en génération. Mais remontons un peu le temps… Le mot “cajun” est une déformation anglophone de “Cadien”, nom donné aux réfugiés Acadiens déportés en 1755 de la colonie de l’est du Canada cédée à l’Angleterre par la France. Cet événement, « Le Grand Dérangement » a profondément traumatisé la petite communauté de colons blancs qui fut accueillie en Louisiane. La musique cajun s’articule autour de formes traditionnelles : anciennes chansons françaises, valses européennes, etc. Mais elle s’enrichit aussi d’influences afro-caraïbes et anglo-américaines. La langue française, longtemps bannie des écoles et des pratiques sociales, trouve pour seul espace d’expression la musique. La chaleur des fêtes, publiques ou privées, au cours desquelles on peut laisser le bon temps rouler, la joie de se retrouver entre membres d’une communauté riche d’histoire et d’expériences communes est le cœur de l’identité cajun, indissociable de la musique qui en est à la fois le miroir et le reflet.

Zachary Richard - Travailler c'est trop dur

4:46

« Travailler c’est trop dur » en quelques mots

Ce morceau, réarrangé avec une touche folk par Zachary Richard, est une vieille chanson traditionnelle cadienne aux origines lointaines et méconnues. Elle a déjà eu son heure de gloire au début du XXème siècle en Louisiane grâce à Caesar Vincent, fermier de son état et compositeur oublié de plus de 40 chansons. Ce curieux personnage, mort en 1970 à 87 ans, aimait chanter des chansons anciennes comme « Travailler c’est trop dur » sur sa carriole. Le morceau n’est d’ailleurs pas tout à fait l’hymne à la paresse que le public s’imagine. En effet, comme l’expliquera plus tard Zachary Richard, il s’agit surtout d’une plainte des pauvres Blancs des campagnes confrontés à un dilemme : travailler comme des chiens ou sombrer dans la misère. Zachary Richard apporte peut-être des accents folk anglophones à cette chanson essentielle de la culture acadienne, mais les instruments cajuns sont très présents. Violon, accordéon, ti’fer, frottoir et harmonica soulignent les racines louisianaises de « Travailler c’est trop dur ».

Paroles de « Travailler c’est trop dur »

Travailler, c'est trop dur, et voler, c'est pas beau. D'mander la charité, c'est quéqu'chose j'peux pas faire. Chaque jour que moi j' vis, on m' demande de quoi j'vis. J' dis que j' vis sur l'amour,

Zachary Richard

Artiste

1950
Scott, Etats-Unis
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Cajun

Style

Louisiane, Etats-Unis
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