Zouk

Le zouk marque le dynamisme musical antillais des années 1980. À de nombreux égards, il est une des prémices à ce qui deviendra la “world music” vers la fin de cette décennie.

Un tandem artistique en dessinent les premiers contours à la fin des années 1970 dans les studios parisiens où l’on recherche leurs talents : Pierre-Edouard Décimus et Jacob Desvarieux. Le premier, transfuge d’un des meilleurs orchestres antillais de l’époque, les Vikings de la Guadeloupe, entend revivifier la riche tradition musicale du carnaval. Le second, guitariste inspiré, est au fait de tous les nouveaux sons et des dernières technologies de studio. Leur association va décupler leur potentiel créatif. Puisant dans les répertoires qu’ils maîtrisent le mieux — compas, gwoka, bèlè, biguine, etc. — ils élaborent un style nouveau, gorgé de rock et de funk, calibré pour la danse. Initiés à certaines musiques africaines par des musiciens qu’ils côtoient en studio, ils vont aussi emprunter à ces styles, dont le makossa camerounais.

L’agencement original entre ces sources et la modernité du son assure le succès du zouk. Même s’il en constitue le pivot rythmique, cœur ardent de la danse, le gwoka n’y est jamais exclusif. Ainsi les sociétés guadeloupéenne et martiniquaise reconnaissent-elles indifféremment le zouk comme “leur musique”. Suivant le chemin de la salsa new-yorkaise, le zouk, élaboré dans les studios parisiens, se joue des frontières culturelles. Kassav ou Zouk Machine vont s’imposer dans les hit-parades et faire école. Au-delà des publics occidentaux, le zouk fait des émules dans de nombreux pays d’Afrique : Gabon, Cameroun, Côte d’Ivoire, Congo, etc. Abidjan, Libreville voient fleurir les stars de l’afro-zouk, pendant que l’original va se décliner sous toutes les formes dans ses îles mères : zouk love à la manière de Tanya Saint Val ou Edith Lefel ; version grivoise, aux doubles sens comiques selon Frankie Vincent, etc. Dans les années 1990, le zouk aura atteint sa véritable dimension internationale.