Yolele

Quelle chanson si ce n’est « Yolele » pourrait le mieux symboliser l’oeuvre de Papa Wemba ? Incarnation de la rencontre entre les rythmiques de la rumba congolaise et du rock anglais, ce morceau de 1995 reste aujourd’hui l’un des plus grands succès de la légende congolaise.

À la fin des années 80, Papa Wemba, superstar de la rumba congolaise, ne laisse pas indifférent les publics internationaux. Japonais, Américains, Français et Anglais s’intéressent à ce personnage aussi rassurant qu’extravagant dont la carrière solo a pris un nouvel élan avec le tube « Analengo » sorti en 1985. Emblème de la SAPE (la Société des Ambianceurs et des Personnes Élégantes) et déjà auteur de bon nombre d’albums ayant conquis le public congolais, c’est à présent Peter Gabriel - le chanteur de l’emblématique groupe Genesis - qui se passionne pour Papa Wemba. Au début des années 1990, Peter Gabriel propose au Roi de la Sape de signer sur son label, Real World Records et de travailler avec ses musiciens.

Depuis plus de deux décennies pourtant, les nouveaux représentants de la musique congolaise s’étaient employés à renouveler le genre historique de l’ex-Zaïre. L’influence de la pop et notamment du rock anglais avait contribué à dynamiter les tempos nonchalants de la rumba, créant la soukous, une variante de la rumba incluant une basse plus présente reproduisant le son des percussions.
Emotion, le deuxième album fruit de la collaboration entre Real World et Papa Wemba contribue à merveille à syncrétiser le soukous et la musique pop. « Yolele », plage introductive du disque en est en effet le parfait exemple.
« Yolele » c’est la rencontre du son presque atmosphérique de Stephen Hague (producteur et arrangeur pour New Order et les Pet Shop Boys) et du groove de Papa Wemba. C’est la sobriété des arrangements qui se mêle au pathos des choeurs chantées en lingala. La guitare est au centre de « Yolele » comme sur beaucoup des morceaux de Papa Wemba. Seulement ici elle assure tant la rythmique syncopée que le solo et prend une place presque plus importante que les percussions. Les percussions justement - élément central des rumbas congolaises - souvent caractérisées par des tambours sur cadre ou à friction produisant une forte réverbération sont ici remplacées par une batterie sèche similaire à celle entendue dans la cold wave.
Enfin les paroles amoureuses achèvent de faire de « Yolele » un hymne. Papa Wemba y décrit les difficultés d’un homme pour exprimer son amour à sa partenaire.

En intégrant les instruments de la pop occidentale aux rythmiques du soukous congolais, « Yolele » bâtit des connexions entre la musique africaine et européenne, et devient l’un des tubes les plus inoubliables de Papa Wemba.