Vaporwave

Genre musical à part entière ou dérivé de la pop électronique ? Mouvement artistique novateur ou simple délire nostalgique des années 80 ? Inspirations asiatiques ou influences américaines ? Musique anti-capitaliste ou étendard de l’extrême-droite raciste ? Tant de questions qui enveloppe de mystère la vaporwave.

il semble assez difficile d’identifier les pionniers de cette esthétique apparue au début des années 2010. Ces artistes se résumaient souvent à des façades numériques, des profils Soundcloud de producteurs américains ou des pseudos Myspace.
Thématiquement la vaporwave se caractérise par une forme de nostalgie des débuts de l’ère numérique, comme une envie de raconter l’isolement provoqué par la technologie en détournant ses propres outils : des samples de startup music (les musiques de démarrage des systèmes d’exploitation Windows), des boucles de musique d’ascenseur ralenties et mis dans des reverbs afin de créer un univers onirique souvent très inspiré de la musique japonaise des années 80. Mais la vaporwave se distingue également par son empreinte visuelle : des couleurs pastels très 80’s, un univers à la frontière du manga et des animations asiatiques rappelant aussi parfois le graphisme des premiers logiciels informatiques des années 90.
Cette musique envoutante aux basses synthétiques et aux voix pitchées (modifiant les timbres) a eu nombre d’interprétations idéologiques depuis ses origines. Pour beaucoup, elle correspond à une réappropriation de la culture numérique et informatique afin de dénoncer l’hyper-consommation et la société capitaliste. Des mélodies rappelant celles des publicités, des supermarchés ou des bars lounge afin de questionner le rôle de la musique à notre époque vu comme un moyen d’accompagner voire inciter la consommation. Pour une partie de la critique, elle est qualifiée de musique marxiste et en même temps, elle est récupérée par une frange de l’extrême droite fasciste américaine qui la qualifie de « musique la plus blanche qui soit ». Cette dernière s’approprie son imaginaire geek, conspirationniste et incel (hommes célibataires remplis de haine et d’aigreur vis-à-vis des femmes et justifiant les violences à leur égard).