Twerk

Thème

1990

Le twerk : une danse de libération

Depuis quelques années, le twerk a quitté les coins obscurs des soirées afro-caribéennes pour entrer dans le langage courant. Mais d’où vient cette danse sensuelle où le bassin bascule et les fesses se secouent sans complexe ?

Étymologiquement, le mot « twerk » est une fusion du « twist » et du « jerk », deux danses festives auxquelles le twerk emprunte certains déhanchés. Il est prononcé pour la première fois en 1993 par le rappeur américain DJ Jubilee dans son morceau « Jubilee All », mais cette danse a des racines beaucoup plus anciennes.

Le twerk vient des mouvements de danses et de transe africains. Des danses qui libèrent les corps et les émotions… même et surtout des femmes. Le soukous congolais ou le mapouka ivoirien en sont quelques unes de ses sources. En Côte d’Ivoire d’ailleurs, le mapouka, jugé trop provoquant, est censuré jusqu’à la fin des années 1990. Les diasporas africaines, puis caribéennes exporteront leurs mouvements, rotations et secousses dansées et donneront finalement naissance au twerk en périphérie des grandes villes, dans les banlieues et les ghettos. Cette danse devient particulièrement populaire dans le Sud des États-Unis, au Texas, en Nouvelle-Orléans… Ce Sud qui a ses propres codes musicaux, le Dirty South et la bounce music, sur lesquels le twerk est roi. À ses débuts, le twerk a (mauvaise) réputation. Bassins, fesses se jouent des rythmes exutoires. Les corps se frottent et se confrontent sa honte. C’est beaucoup ! Mais peu à peu, le twerk gagne ses lettres de noblesse et sort des sombres recoins des dansehalls. Plus que sulfureuse, cette danse est émancipatrice. Cerise sur le gâteau, il acquiert une notoriété internationale grâce au clip de « We Can’t stop » où Miley Cyrus l’esquisse plutôt sagement, mais aussi et surtout grâce à Nicki Minaj, qui l’érige en art dans son cultissime « Anaconda » en 2014. Le twerk est devenu une composante à part entière de la danse hip-hop.

De nos jours, le twerk s’est imposé à travers le monde, popularisé tant par les superstars que par les réseaux sociaux et YouTube. Ses adeptes étant très majoritairement des femmes, cette danse a pu être vue comme un outil de soumission de ces dernières, qui deviendraient le sujet d’un regard masculin tout-puissant (les clips de rap américains des années 90 et 2000 n’y sont pas pour rien). Pourtant, choisir ce que l’on fait de son corps, n’est-ce pas une façon de se le réapproprier ?

Par Aleksien Méry. Crédits photo vignette : association B’Attitude au FGO Barbara

Playlist

«  Jubilee All » par DJ Jubilee, 1993

4:22

« We Can’t Stop » par Miley Cyrus, 2013

3:33

« Mo Bounce » par Iggy Azalea, 2017

3:24

« Anaconda » par Nicki Minaj, 2014

4:50

"Les musiques du diable : du rock 'n roll au twerk" par Zebrock, novembre 2022

10:42

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