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1964, une junte militaire, soutenue secrètement par les Etats-Unis, prend le pouvoir de force au Brésil après plusieurs années de gouvernement socialiste. C’est le début d’une longue dictature militaire, qui prendra fin en 1985. Ce bouleversement politique a bien entendu des conséquences économiques, sociales, mais également culturelles. Le Brésil va se renfermer sur des valeurs morales conservatrices. Toute déviance à la culture officielle imposée est interdite. Les artistes sont désormais limités dans leur créativité. En musique, c’est la bossa nova et la MBP, musique populaire brésilienne qui font le consensus et dictent les codes.
Mais ailleurs, la dynamique est toute autre : arrive Mai-68 en France et la guerre du Vietnam menée par les Américains déclenche des manifestations pour la paix dans des dizaines de pays. Le mouvement hippie est à son apogée. Certains musiciens brésiliens sont bien conscients de ce bouillonnement et décident à leur tour de lutter contre la dictature qui étrangle leur pays.
C’est ainsi que née la tropicalia, véritable révolution culturelle et musicale qui entend chambouler cette autocratie. La tropicalia, c’est une respiration pour une sphère artistique brimée. Au cœur du mouvement, l’ouverture à de nouvelles esthétiques, à de nouveaux instruments, à de nouveaux horizons. La tropicalia part de la MPB et l’épice d’un mélange de yéyé ou en allant chercher du côté de la pop des Beatles et en reprenant les codes du rock psychédélique. Les sources d’inspiration sont à aller chercher bien loin de la culture officielle. La tropicalia introduit la guitare électrique et assume de chanter en anglais. L’album Tropicalia ou Panis et Circencis, sorti en 1968, est un véritable manifeste. On y retrouve les musiciens emblématiques du mouvement : Tom Zé, Caeteno Veloso, Gal Costa et le groupe Os Mutantes.
Bien plus qu’une révolution musicale, la tropicalia est un engagement politique. En rejetant la ligne dictée par les militaires, les artistes en deviennent les ennemis. Cette musique est vue comme une insulte à la culture brésilienne officielle. Caeteno Veloso, Gilberto Gil et Chico Buarque ont été jetés en prison mais sous la pression internationale, ils furent libérés mais forcés à l’exil.
La tropicalia a été un vent de liberté pour la création artistique brésilienne et a ouvert la porte à une ère musicale post-bossa nova. Elle se veut ouverte aux autres, à un monde plus tolérant. Comme le dit Caeteno Veloso : é prohibido prohibir, il est interdit d’interdire.
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