Tous les garçons et les filles

Avec la chanson “Tous les garçons et les filles” publiée en 1962, Françoise Hardy est placée en tête de gondole du tout jeune mouvement yéyé. Composé et écrit par la jeune artiste, aidée de Roger Samyn pour l’arrangement, ce titre nous plonge dans les rêveries d’une adolescente mélancolique et solitaire. Françoise Hardy, 18 ans à peine, nous fait entendre toute la complexité des émotions adolescentes, entre impatience et angoisse d’être aimé, besoin impérieux de faire partie d’un groupe et timidité maladive… à une époque où les adolescents deviennent la cible préférée des maisons de disques.

Lorsque la chanson est signée par la prestigieuse maison Vogue, cette dernière ne misait pas dessus. A tel point qu’elle est placée en clôture d’un 45 tour après des titres plus dansants, un peu comme un cheveu sur la soupe. Le succès est pourtant bien là, suite à la diffusion d’une performance télévisée de “Mademoiselle Hardy” le 28 octobre 1962. Alors que les Français attendent les résultats du référendum sur l’élection présidentielle au suffrage universel direct, Françoise Hardy chante sa tristesse juvénile. Les ventes explosent dès le lendemain et atteignent les 500 000 exemplaires vendus à la fin de l’année.

Dans son arrangement, la chanson est sobre : une basse sautillante, des accords plaqués et obstinés à la guitare, une mélodie à ambitus resserré chanté en valeurs longues, des percussions très légères appuient les temps forts. La voix de Françoise Hardy frappe par sa simplicité et son authenticité, son ton nostalgique presque murmuré. Comme il était d’usage dans les années 60, Françoise Hardy adapte cette chanson en anglais (“Find Me a Boy”), en italien (“Quelli della mia età”) et en allemand (“Peter und Lou”) afin d’accroitre son audience. Correspondant trait pour trait à l’esthétique des sixties, mis en avant notamment par l’émission Salut les copains, “Tous les garçons et les filles” et la créatrice plaisent aux adolescents baby-boomers.

Intemporelle, elle continue à transpercer le cœur de celles et ceux qui se sont un jour sentis seuls et complexés. Ce titre a été repris de nombreuses fois, que cela soit par Laurent Voulzy et Carla Bruni en 1995 ou par la chanteuse Pomme en 2019.