Morceau
1969, c’est l’été de Woodstock. A Bethel, dans l’État de New York, des centaines de milliers de jeunes convergent sous la pluie et la boue pour vibrer au son de Joan Baez, de Jimi Hendrix et de Janis Joplin. Parmi ces icônes surgit un groupe alors quasi inconnu du grand public mais qui marquera, le temps d’un morceau, l’histoire fulgurante de Woodstock et du rock.
Carlos Santana débarque sur scène simplement vêtu d’un gilet de costume, grimace au visage et accompagné de ses musiciens dans un joyeux chaos, prêt à embarquer le public du festival pour une transe effrénée. Infusé à l’ambiance fin-du-monde de Woodstock, Santana entre en extase, et embraie sur “Soul Sacrifice” tambours battants. Surfant à toute vitesse entre rock et salsa, “Soul Sacrifice” est un morceau fleuve qui s’écoulera sur plus de dix minutes. Frénétique, fiévreux, le groove du morceau est échafaudé par des congas et des percussions qui déferlent en cascade, tandis que Santana serpente avec sa guitare, comme possédé par son instrument.
“Soul Sacrifice” brise les frontières des genres et abolit la distance entre la scène et le public. Tous sont emportés par la fièvre d’un rock débridé où jubile Michael Schrieve, batteur prodige jonglant sur ses toms avec une facilité et une vitesse déconcertante. De son solo à son duel avec Santana, il mène la danse, ou peut-être le sabbat, avec brio. Une âme est sacrifiée ici. Celle de l’individu ? Celle de la jeunesse ? En 1969, on réclame des ruptures, contre la guerre, la ségrégation et le conformisme. Voulu ou non, “Soul Sacrifice” est un manifeste sans paroles ni slogan, il ne s’écoute pas, il se traverse et s’éprouve corps et âme. Alors, sacrifice, certes, mais avec à la clé le triomphe d’une musique sans concession, exempte de toute contrainte - physique, spirituelle, politique.
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