Silbo

Le Français Féloche est un artiste atypique. Issu d’une famille de musiciens, Félix de son prénom touche d’abord à la trompette et au jazz avant de découvrir la guitare puis la mandoline, qui devient son instrument de prédilection. Passé aussi par des groupes de punk rock d’Europe de l’Est, c’est en 2010 qu’il sort son premier album solo, La Vie Cajun.
Publiée trois ans plus tard, son album Silbo contient une petite pépite éponyme. Dans cette chanson, Féloche rend hommage au silbo — « sifflement » en espagnol —, langue sifflée des habitants de l’île de La Gomera aux Canaries. Avant la colonisation de cette île par les Espagnols, les autochtones, les guache, sifflaient déjà de montagne en montagne. Le silbo est la transposition de cette pratique en langue castillane. Des nouvelles ou des invitations sont transmises par des sifflements plus aigus ou graves, plus courts ou longs. Attention, il ne faut pas s’échanger de secrets par le silbo ! Sur cette île volcanique, parcourue de vallées, les Gomeros utilisent toujours cette langue pour communiquer et peuvent parfois s’entendre à dix kilomètres à la ronde.
C’est à cette culture unique et rare, reconnue au patrimoine immatériel de l’Unesco, que Féloche rend hommage dans son morceau. Dans un clip tourné sur l’île, l’artiste pose en mots qui s’assemblent comme des poèmes ce qu’est le silbo, cette langue des « hommes qui parlent comme des oiseaux ». Entre personnages animés et instants de vie volés, le chanteur découvre, touché et amusé, cette culture qui l’inspire. L’instrumentale semble dépouillée, mais pourtant infiniment subtile : elle laisse la part belle aux mots, aux sifflements, à quelques guitares, petites percussions, et à une contrebasse, mais aussi à la mandoline adorée de Féloche. Ce sifflement récurrent dans la chanson, c’est le nom de sa mère en silbo : Catherine. Un hommage jusqu’au bout.