Sentimental Bourreau

« Sentimental Bourreau » est une chanson sortie sur le 33 tour Comprend qui peut ou comprend qui veut de Boby Lapointe en 1970. Sur ce titre, le chanteur français, ami de Georges Brassens et virtuose du jeu de mots, raconte l’histoire bouffonne d’un gentil bourreau tombé amoureux de la femme d’un fossoyeur. Gentil, le bourreau ? Vraiment ? Sur un mot malheureux (« Taillons-nous ! ») prononcé par sa belle, le bougre tue et le mari, et sa maîtresse. Après tout, tuer est devenu un geste banal pour lui, il le répète toute la journée, presque comme un robot.

Dans le refrain, Boby Lapointe fait parler son étrange personnage, laissant entrevoir son humanité pointer entre les lignes : « Pourtant couper des têtes / Disait-il, ça m’embête / C’est un truc idiot / Ça salit mon billot / Pour nourrir ma vieille mère / Je saigne Paul ou Pierre / D’un geste un peu brutal / Mais sans penser à mal ». Ce morceau plein d’humour (noir) où ce bourreau abruti par sa tâche se change en assassin est un pamphlet contre la peine de mort. En France, elle ne sera abolie qu’en 1981 et la dernière exécution aura lieu en 1977. A l’époque de sa sortie en 1970, « Sentimental Bourreau » avait donc un sens très particulier pour les auditeurs. On ne se moquait ni de la mort ni de la profession de bourreau, sujets tabous !

L’instrumentation de la chanson participe à son caractère léger et risible : un accordéon, un violon, puis un tambour de basque rythmant le tout pour créer une ambiance style musette et manouche qui donne envie de danser ! Une chanson engagée sous ses airs de farce, qui prend clairement parti contre la peine de mort. Aïe aïe aïe !