Style
Le rébétiko est la musique des mauvais garçons, des déracinés et des laissés pour compte de la Grèce de la fin du 19e et début du 20e siècle.
Dans les fumeries de haschisch (tékkédes), les cabarets mal famés des quartiers pauvre du Pirée, le rébète sort son luth bouzouki pour conter l’ivresse que procure l’alcool, la résine de cannabis ou les femmes de petites vertus. La plupart du temps il improvise et ses compagnons ajoute des couplets au gré de leur fantaisie. Ils chantent leurs vies de galériens, leurs rages ou leurs rêves. Cette sorte de blues s’accompagne de danses extatiques inspirées des derviches tourneurs de Turquie, d’où les Grecs ont été expulsés entre 1914 et 1922. Lorsqu’il atterrit en prison le rébète se bricole un luth baglama plus petit et facile à cacher.
Musique de port, le rébétiko a reçu l’influence de nombreuses communautés mais l’apport oriental est accentué avec le retour des grecs chassés de Smyrne (actuelle Izmir). Les premiers enregistrements sont réalisés dès 1897 aux Etats Unis où la diaspora grecque est importante et il faut attendre 1930 pour trouver un premier disque local. Avec cette évolution le rébétiko se polit, les structures de chansons se fixent et les textes perdent de leur mordant. Sous la dictature de Métaxas en 1936, l’évocation du haschisch est interdite et les rébèkes sont pourchassés et jetés en prison.
Après la seconde guerre mondiale, des compositeurs comme Mikis Theodorakis, Vassílis Tsitsánis ou le virtuose du bouzouki Manolis Chiotis en proposent des versions plus sophistiquées ou plus grand public, éloignées de l’âme de souffre de ses débuts.
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