Ragtime

Style

1897 - 1918

Le ragtime, prémices du jazz et revanche afro-américaine

D’une manière ou d’une autre, la musique est le reflet d’une société et de son histoire. Et celle des États-Unis est une tourmente. La fabuleuse promesse de liberté s’y heurte continuellement aux conditions qui ont façonné la construction violente d’une société violente : l’esclavage et l’exploitation sans retenue des ressources naturelles et des hommes. Les croyances, les mélodies et les rythmes africains, seuls bagages des esclaves, ont toutefois prospéré et se sont instillés dans la culture nord-américaine produisant le foisonnement musical que nous connaissons.

Le ragtime en est un subtil exemple. Il apparait en Louisiane où les colons, d’ascendance française pour un grand nombre, dansent le quadrille. Moquant leurs maîtres Blancs fortunés et leurs manières empesées jugées ridicules, les Noirs américains créent une danse, le cake-walk et produisent une musique sur ces pianos pas toujours justes, mais puissants qui couvrent le brouhaha des bars et autres bordels. Premier jalon en 1897 avec le « Mississippi Rag » de William Krell. Mais son chef de file, sera le fameux pianiste Scott Joplin. Le ragtime – « temps déchiqueté » en français – propose un style novateur, se jouant principalement au piano mais invitant aussi la guitare, le banjo puis les cuivres, quand il accouche du jazz New Orleans. Ce style incorpore dans la musique classique européenne la syncope proprement africaine. La main gauche s’occupe des basses et la droite de la syncope. L’exemple parfait : « Maple Leaf Rag » de Scott Joplin. Ce rag relativement virtuose et complexe, fait des émules jusqu’en Europe où Debussy, Wiener, Ravel ou Stravinsky s’y intéressent. Joplin écrit aussi un opéra, « Treemonisha », et un autre classique du ragtime, « The Entertainer » musique du film du même nom (L’Arnaque),.
À la fin de la Première Guerre Mondiale, le ragtime s’éteint à petit feu (à l’exception du novelty piano de Zez Confrey par exemple), dilué dans le jazz, qui prend sa suite. Aujourd’hui, il subsiste dans les oreilles des mélomanes, et quelques irréductibles, comme Tom Brier, en jouent encore. Le film “Ragtime” de Milos Forman restitue formidablement cette époque.

Le ragtime, un fragment d’une époque révolue. Pour le mieux.

Par Aleksien Méry. Crédits photo vignette : classicfm.com

Playlist

Par Aleksien Méry. Crédits photo vignette : classicfm.com

2:57

« Maple Leaf Rag » par Scott Joplin, 1899

3:27

« The Entertainer » par Scott Joplin, 1902

3:35

« Frog Legs Rag » par James Scott, 1906

3:12

« Nightingale Rag » par Joseph Lamb, 1915

3:56

« Dizzy Fingers » par Zez Confrey, 1921

2:26

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