Otis Redding

D’entrée de jeu, les choses ne s’annonçaient pas faciles, et les dés semblaient pipés, pour celui qu’on surnommera « Le Roi de la Soul ».

Otis Redding, chanteur de soul et rhythm and blues, naît en 1941 dans le sud des États-Unis, en Géorgie, d’une famille noire à une époque où le racisme et la ségrégation font la loi. Son père, militaire et révérend, est malade de la tuberculose. Adolescent, le jeune Otis doit se débrouiller pour faire bouillir la marmite. Il trouve sa place en tant que musicien dans des petits groupes qui lui paient un maigre salaire, mais nécessaire pour subvenir aux besoins de sa famille. Il partage un court temps la scène avec Little Richard.

C’est sa rencontre avec le guitariste Johnny Jenkins qui change sa vie. Ce dernier, musicien avant-gardiste et visionnaire, intègre le jeune homme dans son groupe. C’est justement au détour d’une audition ratée pour Jenkins qu’Otis Redding est repéré par label faiseur de tubes basé à Memphis, Stax Records. La carrière de Redding est lancée. Le public raffole de sa voix mélancolique et de ses ballades soul, qu’il sait alterner avec des titres plus rythmés, dansants, survoltés. En 1965, Otis Redding sort Otis Blue, dont sont extraites les chansons « I’ve Been Loving You too long » et « Respect », qui sera reprise deux ans plus tard par Aretha Franklin et deviendra le succès immense qu’on connaît.

Au faîte de sa gloire, Redding est rattrapé par le destin. Il meurt dans un accident d’avion le 10 décembre 1967. Il avait 26 ans. Nombre de ses succès sortent à titre posthume, comme « (Sittin’ On) The Dock of the Bay », complainte lancinante teintée de pop, atypique pour Redding, qu’il n’a jamais pu achever. Le morceau n’a pas de dernier couplet, mais un sifflotement. Cette chanson est la première chanson posthume à se hisser au sommet des charts, dont le très prestigieux Billboard Hot 100. Encore aujourd’hui, elle reste la chanson la plus célèbre de l’artiste, et figure sur son album qui a rencontré le plus grand succès. Redding est mort quelques jours après l’enregistrement, avec une voie royale qui s’ouvrait devant lui.

Si sa musique porte profondément en elle les racines et la culture noire américaine, elle a réussi à traverser les frontières, aussi bien que les barrières raciales. De nombreux artistes, de toutes nationalités, noirs ou blancs, lui rendre hommage en reprenant ses chansons ou en le samplant. Citons par exemple le morceau « Otis » de Jay Z et Kanye West qui puise (entre autres) dans « Try A Little Tenderness » sorti en 1966. Le magazine Rolling Stone estime qu’Otis Redding fait partie des cent plus grands artistes de tous les temps.

Une chose est sûre, l’âme du Roi de la Soul est toujours de braise.