Nyckelharpa

Dans la famille « instruments surprenants », je demande le nyckelharpa ! Imaginez un gros violon à clavier de bois. C’est ceci, vulgairement, le nyckelharpa. Cet instrument à cordes frottées, né au Moyen-Âge en Suède dans l’Uppland, au nord de Stockholm, fait sensation partout où il passe. Pourvu de quatre cordes mélodiques accordées comme l’alto, montées sur une caisse de résonance en bois, il se joue avec un archet court et courbe, ou en pizzicato, c’est-à-dire en pinçant ses cordes avec les doigts. Pour jouer des notes, le système est impressionnant : un clavier de bois de quatorze à cinquante touches sous le manche. En pressant chaque touche, un morceau de bois appelé sautereau entre en contact avec la corde, et modifie sa hauteur ! Sous ces quatre cordes, se trouvent douze cordes sympathiques, que l’on ne touche jamais, mais qui sont mises en vibration par les autres, et donnent au son de l’instrument de nouvelles sonorités harmoniques, une résonance particulière et caractéristique. Le nyckelharpa se joue généralement horizontalement, reposant sur la cuisse ou maintenu par une bandoulière.

Au fil des siècles, l’instrument évolue, avec notamment l’apparition des cordes sympathiques au XVIIème siècle. Puis il tombe peu à peu en désuétude. Mais c’était sans compter sur Eric Sahlström, luthier passionné, qui crée dans les années 1940 le nyckelharpa tel qu’on le connaît aujourd’hui. Une trentaine d’années plus tard, l’instrument connaît un regain d’intérêt et trouve sa place entre les mains de nombreux musiciens européens. L’instrument, très prisé dans la musique traditionnelle suédoise, trouve aussi sa place dans d’autres genres comme le classique ou le jazz. Aujourd’hui, de grands violonistes deviennent également nyckelharpistes, comme Laurent Vercambre ou Éléonore Billy. Selon les modes de jeu, chaque musicien trouve ses propres sonorités. Le nyckelharpa, un instrument étrange venu du fond des âges, aussi intriguant que fascinant.