Nuit et brouillard

Morceau

1963

"Nuit et brouillard" en quelques mots

Écrite en hommage aux déportés de la Seconde Guerre mondiale, victimes de la barbarie nazie, la chanson porte ce titre en référence au décret « Nacht und Nebel » (Nuit et brouillard), promulgué par les autorités nazies avec la complicité en France du gouvernement de collaboration du Maréchal Pétain. Il s’agissait d’organiser la déportation massive de populations dites “inférieures” des pays occupés (notamment juives mais aussi tsiganes et slaves) vers les camps de la mort. Le tambour, solennel, ouvre la chanson. D’une voix émue, Ferrat invoque les disparus et leur terrible destin. C’est une des rares chansons consacrées à cette page douloureuse de notre histoire, que Ferrat, qui a lui-même connu la déportation de son père, impose courageusement à l’époque, en dépit de la vague yéyé et insouciante qui parcourait la France et ses radios. Chanson très impressionnante, elle fait écho au film du même nom réalisé par Alain Resnais en 1955.

Paroles

Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers,
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés,
Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants.
Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent.

Ils se croyaient des hommes, n’étaient plus que des nombres.
Depuis longtemps, leurs dés avaient été jetés.
Dès que la main retombe, il ne reste qu’une ombre.
Ils ne devaient jamais plus revoir un été.

La fuite monotone et sans hâte du temps,
Survivre encore un jour, une heure, obstinément.
Combien de tours de roues, d’arrêts et de départs,
Qui n’en finissent pas de distiller l’espoir.

Ils s’appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel.
Certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vishnou.
D’autres ne priaient pas, mais qu’importe le ciel,
Ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux.

Ils n’arrivaient pas tous à la fin du voyage.
Ceux qui sont revenus peuvent-ils être heureux ?
Ils essaient d’oublier, étonnés qu’à leur âge,
Les veines de leurs bras soient devenues si bleues.

Les Allemands guettaient du haut des miradors.
La lune se taisait comme vous vous taisiez,
En regardant au loin, en regardant dehors.
Votre chair était tendre à leurs chiens policiers.

On me dit à présent que ces mots n’ont plus cours,
Qu’il vaut mieux ne chanter que des chansons d’amour,
Que le sang sèche vite en entrant dans l’histoire,
Et qu’il ne sert à rien de prendre une guitare.

Mais qui donc est de taille à pouvoir m’arrêter ?
L’ombre s’est faite humaine, aujourd’hui c’est l’été.
Je twisterais les mots s’il fallait les twister,
Pour qu’un jour les enfants sachent qui vous étiez.

Vous étiez vingt et cent, vous étiez des milliers,
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés,
Qui déchiriez la nuit de vos ongles battants
Vous étiez des milliers, vous étiez vingt et cent

Source : lyricstranslate.com

12 sept. 202112:30

Les gens de Ferrat

Scène Angela Davis, La Courneuve

Playlist

Jean Ferrat, « Nuit et brouillard », 1963

3:14

Isabelle Aubret, reprise de « Nuit et brouillard », 1965

3:53

Enrico Macias, reprise de « Nuit et brouillard », 2003

4:17

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