No Going Back

Morceau

1989

« No Going Back » : lutte des classes, lutte des femmes

En 1984, la Commission nationale du charbon britannique, sous l’impulsion du gouvernement de Margaret Thatcher, décide de fermer les mines de charbon : vingt sites déficitaires dans un premier temps, puis d’autres, progressivement. Les mineurs, avec leur syndicat (la National Union of Mineworkers) s’opposèrent à cette mise à mort brutale de leur secteur d’activité par une grève qui dura un an, de mars 1984 à mars 1985.

Le gouvernement mit tous les moyens en œuvre pour casser cette grève et briser leur syndicat : manipulations médiatiques, interdiction des piquets de grève, répression policière et pressions financières, notamment en limitant les aides sociales dont bénéficiaient les familles de mineurs.

Conflit long, âpre (trois morts, des milliers de blessés, des arrestations nombreuses), il s’acheva par une défaite totale des mineurs et mit à terre le mouvement ouvrier en Grande-Bretagne. Mais il suscita un soutien important, de groupes militants de gauche, d’une fraction du Parti travailliste et d’activistes comme le Lesbians and Gays Support the Miners et d’artistes (notamment). Le Red Wedge, collectif de groupes rock emmené par Billy Bragg, Paul Weller et Style Council, Elvis Costello, Bronsky Beat et Jimmy Sommerville organisa des concerts dans les villes minières. Plusieurs chansons, signées U2, Sting ou Dire Straits entre autres, puis plusieurs films (par exemple Billy Elliot ou Pride), ont célébré les mineurs et ce mouvement social.

Il nécessita surtout un important soutien de la part des familles de mineurs, victimes collatérales de la répression thatchérienne. Ce contexte a conduit à une politisation assez large des proches des mineurs, les femmes notamment, qui ont tenu les piquets de grève avec les hommes et les ont accompagnés dans leur combat. C’est ce dont témoigne « No Going Back » composé par la chanteuse folk Sandra Kerr pour le collectif des femmes du North Staffordshire, et enregistré par celles-ci en 1989 pour collecter des fonds afin de faire face aux frais de justice des mineurs poursuivis.

Cette chanson montre le changement que cette lutte a initié pour elles, en elles et sur lequel elles ne reviendront pas (« (for there is) no going back »). Elles ont trouvé leur voix. Elles revendiquent des droits égaux, rappellent que leur place n’est pas à la cuisine et appellent les hommes à les soutenir dans leur combat pour plus de justice de la même façon qu’elles l’ont fait pour eux. Elles soulignent également que si la vie est dure pour les travailleurs (masculins), elle l’est encore plus pour les minorités, les pauvres, les plus âgés et les femmes.

Chant de soutien aux grévistes poursuivis en justice, il est donc aussi, surtout, chant de revendication féministe et à ce titre s’adresse à tous, à toutes. Ainsi, se conclut-il sur l’idée d’une fraternité dans la lutte et d’un avenir plein d’espoir grâce à la lutte : « Nous n’avons que des chaînes à perdre et le monde à gagner ».

Paroles de “No Going Back”

The world is turning changing with the seasons of the year Flowers grow where once the land was cold and bare. The streams feed the rivers, rivers feed the sea And the strength of my friends

Par Marion Roche. Crédits photo vignette : Groupe de soutien à la grève composé de femmes de mineurs manifestant à Mansfield, 1984. Source: Mansfield Chad

Playlist

“No Going Back”, 1989

2:49

“Iron Hand” par Dire Straits, 1991

3:12

“No Going Back” par Chrystine Moon, 2011 (1989)

2:50

“Red Hill Mining Town” par U2, 1987

4:56

“We Work the Black Seam” par Sting, 1985

5:34

“Last Day of the Miners’ Strike” par Pulp, 2002

5:56

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