Musiques amérindiennes

Le terme “musiques amérindiennes” désigne les musiques des premiers peuples vivant sur le continent américain, avant l’arrivée des colons au XVème siècle. Le qualificatif “amérindien” a une connotation néo-coloniale, en ce qu’il fait référence au terme “indien” utilisé par les colons pour décrire les peuples indigènes du continent. Pratiquées du sud au nord en passant par l’Amérique Centrale et les Antilles, les musiques “amérindiennes” couvrent donc tout un continent et une diversité de pratiques musicales pour des milliers de peuples. On sait de ces musiques qu’elles ont été au cœur de la vie de nombre de ces peuples, et ont accompagné les naissances et les décès de leurs membres. Elles ont été porteuses de connexion entre les individus avec la nature mais aussi les ancêtres. Les musiques autochtones ont certains instruments en commun : les percussions à base de peaux d’animaux, les flûtes ou encore les battoirs. Au sein des territoires actuels des États-Unis et du Canada, les musiques autochtones semblaient accompagner des cérémonies et des danses. Elles rassemblaient du jeu instrumental ainsi que des chants collectifs. En Amérique Centrale et Antilles, on suppose que la musique était également au cœur des cérémonies, du monde spirituel et des cérémonies sacrificielles. Beaucoup de ces musiques ont disparu, suite au génocide perpétré par les colons venus d’Europe. Plus bas en Amérique du Sud, certaines musiques ont été maintenues en vie par des petits groupes dans des espaces isolés (quechua, mapuche, guarani, nazca…).

Ces musiques ont évolué, s’adaptant aux pratiques musicales apportées par les colons et notamment à la christianisation du continent. De nouvelles pratiques musicales émergent : les pow-wows, cérémonies musicales et dansantes, ainsi que les danses du soleil ou des fantômes. C’est d’ailleurs souvent aux pow-wows que l’on pense en premier lorsqu’on évoque les musiques autochtones. Par exemple, chez les peuples “Sioux” (Dakota, Iakota, Nakota), les spiritualités premières et chrétiennes se mélangent pour créer de nouvelles pratiques musicales et dansées. On retrouve ce processus d’hybridation sur l’ensemble du continent, car il est devenu difficile de préserver les pratiques premières de la colonisation.

Les musiques autochtones ont également influencé la création d’une identité musicale nord-américaine. Ainsi, à la fin du XIXe siècle, les musiques autochtones commencent à être enregistrées, donnant l’opportunité aux colons musicologues de les étudier. Ce courant d’étude permettra de faire émerger la musique folk, une musique qui se veut loin de la rigidité européenne et reflet du true American spirit. On y retrouvera des motifs rythmiques et des instruments issus de musiques indigènes.

Aujourd’hui, les musiques autochtones sont des témoins précieux de l’identité des premiers peuples et permettent de faire vivre leurs cultures à travers les siècles. Elles marquent la résistance des Natifs-Américains face à l’assimilation coloniale. Ces musiques connaissent un regain de visibilité, avec des événements qui permettent de les mettre sur le devant de la scène : Pow-Wow Gathering of Nations, le Festival international de jazz de Montréal, le Prix de la musique autochtone au Canada… Plusieurs grands artistes autochtones mettent en valeur les pratiques musicales traditionnelles sur les réseaux sociaux ou à travers leur musique comme Shina Nova, issue du peuple inuit, qui pratique le throat singing sur TikTok. Citons également les formes urbaines hybridées de Renata Flores qui rappe en quechua et en espagnol, ou de Brisa Flow en brésilien et mapuche.