Manhattan-Kaboul

“Manhattan-Kaboul”, c’est l’histoire de deux personnes qui ne se connaissent pas, qui n’ont rien en commun, mais qui pourtant sont unies par une tragédie aux conséquences dévastatrices. L’un est un trader américain d’origine portoricaine, tué le 11 septembre 2001 dans l’attentat contre le World Trade Center. L’autre est une jeune fille afghane assassinée par les bombes américaines lancées sur Kaboul en réponse à ces attaques.

Si l’on se contente de lire les paroles de “Manhattan-Kaboul”, on n’imagine pas une seconde que le morceau puisse être un tube. D’autant plus quand on connaît le contexte de sa création.
En effet, rien ne prédestine le morceau à avoir du succès. Sur la base d’une vieille maquette abandonnée par son compositeur Jean-Pierre Bucolo des années auparavant, les paroles signées Renaud sont écrites à la dernière minute en studio, alors qu’il enregistre les derniers morceaux de son album Boucan d’enfer. Nous sommes quelques mois après le 11-Septembre.

Sans réfléchir, comme ça lui vient, il pose sur le papier une chanson destinée à un duo, sans avoir une seule idée de l’interprète de petite fille.

Axelle Red, a priori éloignée de l’univers renaudien, est dénichée au débotté, mais le contraste entre leur deux voix donne toute sa force et son émotion au morceau. Renaud chante pour la première fois en duo sur un de ses albums et c’est un carton. Il ne remporte pas moins qu’une Victoire de la musique et un NRJ Music Award !

Il faut dire que les attentats du 11 septembre 2001 et l’offensive militaire des États-Unis et de ses alliés en Afghanistan ont tué un grand nombre de femmes, d’hommes et d’enfants ; provoquant une vive émotion en France et en Occident.

La chanson de Renaud fustige les intégrismes fanatiques quels qu’ils soient, responsables du massacre de populations innocentes. S’il refuse l’étiquette de chanteur engagé, “Manhattan-Kaboul” n’en reste pas moins une belle chanson pour la paix.