Morceau
Suite à la Première Guerre mondiale, la France avait reçu mandat de la Société des nations pour administrer et organiser des territoires issus du démantèlement de l’Empire ottoman, vaincu. Le Liban, dans ses frontières actuelles, est donc une création française. En 1926, la jeune république libanaise se dote d’une constitution et en 1943 elle devient indépendante.
Le Liban est une mosaïque confessionnelle : chrétiens (maronites, grecs orthodoxes…), juifs, musulmans (chiites, sunnites, druzes…) y cohabitent, mêlant influences européennes et orientales. Lors de l’indépendance, il est décidé (de façon tacite, par un « pacte national ») de veiller à l’équilibre entre les différentes communautés par une répartition du pouvoir entre elles.
Alors adolescent, vivant à Beyrouth avec ses parents, le jeune Béart a vécu ces événements. Il a connu un État cosmopolite et tolérant, prospère, accueillant.
Mais en 1975 éclate une guerre civile, qui ne prendra fin que 15 ans plus tard. Elle fera entre 130 000 et 250 000 victimes civiles et près d’un million d’exilés. Déchirements entre communautés, au sein des communautés, milices armées, bombardements massifs, interventions des puissances étrangères attisant les conflits, crimes de guerre… Elle laisse le pays exsangue en 1990.
Alors, en 1989, Guy Béart bouleversé prend l’avion et crée sur place, au milieu des ruines de Beyrouth ravagée, dans différents quartiers, un chant de paix et de tolérance : « Liban libre, libre Liban ». Le 13 mai 1989, il enregistre ce titre avec des enfants chrétiens et musulmans de Dora, au Nord-Est de Beyrouth ; le disque sortira sous le titre « Libre Liban, Guy Béart et les libres enfants ».
Les paroles rappellent le Liban tel que Béart l’a connu, tolérant, fraternel, terre d’accueil de tous les persécutés et déshérités, modèle à suivre pour le reste du monde. Elles dénoncent ce que l’argent, la drogue et les armes ont détruit et le sang versé ; on perçoit toute la colère de Béart face à cette violence absurde et démesurée et l’amour portée à ce pays, à ses « montagnes », ses « vallées » et ses valeurs. Le refrain chanté en langue arabe « Ah ô Liban, ô paix, ô temps passé » et la répétition de « libre » évoquent une incantation, comme une volonté de faire advenir la paix par ce chant. Et le dernier couplet fait advenir le « vert de l’espérance » et la promesse d’une « renaissance » d’un « monde en paix ».
Chant d’espoir dans Beyrouth dévasté, « Liban libre libre Liban » témoigne de l’engagement sincère de Béart pour un monde de paix et de tolérance.
J'ai vécu ici mes années d'adolescence, et ce sont des années qui comptent dans la formation du corps, du coeur, de l'âme. C'est un pays de Dieu où j'ai appris l'hospitalité : plus tard, quand j'ai créé l'émission « Bienvenue », c'était, à l'image du Liban, l'hospitalité pour les artistes et inconnus de tous bords, toutes couleurs et tous genres. J'ai appris au Liban la fraternité et la tolérance. Je suis venu retrouver l'espérance au Liban, pour moi et pour le monde. Car vous avez une sacrée responsabilité. Vous sauvez, nous sauvons, et tout le monde doit sauver le Liban, dans son modèle millénaire d'harmonie combative; combative comme toute vie, tout amour, toute passion; et qui dure depuis des milliers d'années. Si ce modèle, à Dieu ne plaise, est détruit et il ne sera pas détruit- c'est que le monde ne pourra pas se dire sauvé. Il faut que nous tous, maintenant, essayions, de nous comporter comme si nous étions, pendant quelques minutes, quelques secondes, le Messie, parce que la planète tout entière est en danger. Il n'y a pas que le Liban. Mais il faut que le Liban soit sauvé pour que la planète le soit.Interview de Marie-Jeanne Asmar, 13 et 14 mai 1989, La Revue du Liban.
Liban libre Libre Liban Enfants libres Libres enfants Et tous les martyrs Chrétiens Musulmans Avant de partir Ont crié ce chant Liban libre Libre Liban Enfants libres Libres…
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