Les Gitans

« Les Gitans » est une chanson écrite par Pierre Cour et Hubert Giraud, interprétée par Dalida ainsi que par les Compagnons de la Chanson à la fin des années 1950. Ce thème parcourt un nombre appréciable de chansons ce qui illustre la place occupée, pour le meilleur et pour le pire, par les gitans, les tsiganes et autres nomades dans l’imaginaire national.
A la représentation xénophobe et raciste du voleur de poules et de l’étranger indésirable, la chanson oppose une image généreuse. Le Gitan fantasmé, que l’on devine beau et fier, entouré du mystère des gens du voyage, semble être le versant masculin de la belle Carmen, l’indomptable racontée par Prosper Mérimée et magnifiée par Georges Bizet. Pas de méfiance dans le propos, plutôt la légitime curiosité que suscite l’étrangeté : d’où vient-il, où va-t-il ? Bohême, Italie, Espagne, la chanson dresse la liste de pays traversés qui font tous rêver.
La chanson met en scène trois gitans manifestement jeunes et un vieil homme qui, lui, ne voyagera plus. Nous les devinons auprès du feu de camp le soir, entre chants, rires danses et prières et nous imaginons la quête incessante de leur pays de Cocagne, de leur château en Espagne… Ils voyagent toujours plus loin. Mais jusqu’où ira ce fantasme qu’ailleurs ce sera toujours mieux ?

Sur un air de boléro, d’espagnolade et de flamenco, guitares, castagnettes et trompette mêlées sur fond de violons, la musique nous enveloppe de tendresse et d’émotion puis se fait soudain vive faisant surgir l’image que nous avons du couple dansant, dos à dos, corps à cœur. Dalida, met tout son charme dans un chant qui met en valeur son bel accent, non moins étranger que celui des gitans.

Les gitans, cousins des tziganes ont il y a très longtemps, vers le XVième siècle, quitté leur région d’origine, le nord-ouest de l’Inde pour rejoindre plusieurs régions d’Europe sans jamais se sédentariser, autant par goût d’une vie nomade que du fait des ostracismes nombreux auxquels ils ont dû faire face. La chanson raconte leur errance au fil des siècles, à travers différents paysages, à la rencontre de populations souvent hostiles à leur présence : on leur reproche leur façon de vivre, d’être, leur culture aussi… Souvent incompris, souvent mal acceptés, ils parviennent plus ou moins à s’adapter… Lors de la Seconde Guerre mondiale, les nazis se sont particulièrement acharnés à faire disparaître ce peuple, comme ils l’ont fait pour les juifs d’Europe.

Par Zebrock
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